Yokadouma: en attendant le bitume


La perspective du bitumage de la voirie urbaine laisse espérer que la ville pourra amorcer, enfin, son véritable développement.

Depuis quelques semaines, la principale artère de Yokadouma est en chantier. Une entreprise s’active à terrasser la route poussiéreuse et ocre, pour l’enrober de bitume. Les populations attendent ce bitume depuis des décennies. Ces populations rêvent déjà de ce que le chef-lieu de la Boumba-et-Ngoko pourra tirer de cette infrastructure, compte tenu de son potentiel.

Créée en 1955, suite à la transformation de la circonscription administrative de Yokadouma en arrondissement et de l’érection de la région de Boumba-et-Ngoko en département du même nom, la ville de Yokadouma n’a jamais vraiment décollé. Et pourtant, les atouts ne manquent pas. Avec des conditions climatiques favorables à une agriculture florissante, où des planteurs produisent souvent chacun, plus de 100 sacs de cacao l’an. Une hydrographie abondante, avec la présence de nombreux cours d’eau et marécages, propices aux cultures de contre-saison. L’aquaculture est la plus pratiquée, avec près de 150 étangs piscicoles dénombrés, ayant chacun une surface d’au moins 60mX20m. Ces étangs élèvent essentiellement des carpes, des tilapias, des silures et des poissons-vipères. Le poisson capturé est en partie consommé par les , et en partie vendu frais ou fumé.

Le tissu industriel de l’arrondissement est dominé par la transformation du bois, avec des usines à Ngolla, Masséa, Lamedoum et Sengbot. Ces usines exploitent plusieurs espèces de bois précieux telles que le Bibolo, l’Iroko, le Sapelli, l’ébène et le Movingui. En d’autres termes, un fort potentiel de création d’emplois, au profit des jeunes. Le versement des redevances forestières annuelles à la mairie, constituant alors une importante source de financement pour l’institution. La commune de Yokadouma regorge également d’un énorme potentiel touristique, mais qui n’est pas encore mis en valeur, à sa juste mesure. Ce potentiel est constitué de riches ressources naturelles (faune, flore, le relief et l’hydrographie), la culture (les traditions ancestrales et l’artisanat). Parmi les sites touristiques, se recensent la réserve de Boumba Bek, qui est un parc national, le fleuve la Boumba  et les chutes  Esok-Litoumme.

Malgré tout cela, la ville du valeureux éléphant -l’appellation Yokadouma dérive de la déformation par les colons Allemands de « Zok aa douma » ? qui signifie en langue Kaka « L’éléphant ne tombe jamais »-, continue de stagner. « La ville de Yokadouma a été bâtie sur la base d’un plan directeur conçu avant l’indépendance, et aujourd’hui dépassé », lit-on sur une monographie élaborée par la mairie, en 2008. Neuf ans après, le territoire communal présente toujours deux visages. D’une part, le périmètre urbain, fort de ses 16 quartiers et d’autre part, la zone rurale, comptant  villages et hameaux. Le centre urbain est loti dans le titre foncier de l’Etat, n°1064. La plupart des quartiers ont été construits sans plan d’urbanisation précis, ni sur la base d’un lotissement communal. L’habitat est un mélange de constructions en matériaux définitifs, en matériaux semi-définitifs (brique de terre crépie) et en matériaux précaires (terre battue, pisée, planches). Ces deux dernières catégories de matériaux sont prédominantes.

Pendant le sacre du nouvel évêque du diocèse de Yokadouma, le 5 juillet 2017, le réseau électrique était coupé en deux, suite à une panne de transformateur. Deux semaines après, lors de la prise de commandement du nouveau préfet de la Boumba-et-Ngoko, il n’y avait que des groupes électrogènes, pour éclairer la ville. Il n’y a pas encore d’extension de la ligne de transport de l’énergie électrique dans les villages. Plus de 80% de la population de la commune n’a pas accès à l’électricité. Pour pallier à cette situation, la mairie a fait installer, il y a plusieurs années, un groupe électrogène dans le village Ngatto.

Le transport urbain est assuré essentiellement par des motos-taxis. Tandis que le transport interurbain revient aux cars de transport en commun. Le robuste et vieux car de marque Saviem, est incontournable. Si l’on arrivait un jour à bitumer la route Bertoua-Yokadouma, longue de plus de 300 kilomètres, et quelques artères du centre urbain,, nul doute que Yokadouma sortirait de l’ornière.

Vision

Solange Bessa Metindi: « Les jeunes s’intéressent moins à l’école »

Fonctionnaire originaire de Yokadouma.

 « Yokadouma a un sérieux retard, en matière de développement. Certaines infrastructures manquent encore dans cet arrondissement. Les jeunes s’intéressent de moins en moins à l’école. Les parents semblent avoir démissionné, à cause de l’avenir qui leur semble incertain. Malgré cela, c’est à tort que l’on n’envoie plus les enfants à l’école. Grâce à l’éducation, on s’insère, socialement. C’est aussi grâce à l’éducation, qu’un pays émerge. Il convient donc de sensibiliser, afin d’encourager les communautés à soutenir la scolarisation des enfants. Il faut envoyer tous les enfants à l’école, et assurer leur l’encadrement nécessaire. Pour que les résultats suivent. »

 Prospère Désiré Mewok Sakpak: « Il faut promouvoir l’auto-emploi »

Vicaire général du diocèse de Yokadouma.

« Pour faire sortir Yokadouma du sous-développement, l’Etat et ses démembrements devraient mettre l’accent sur l’éducation. Il faut multiplier les établissements scolaires, et y  affecter des enseignants qualifiés. La mairie devrait accompagner cet élan, en votant des budgets pour la prise en charge des formateurs et la construction de nouveaux établissements scolaires et centres de formation. Cet appui va réduire, à terme, le chômage. Lesdits centres étant destinés à encourager les jeunes à apprendre des  métiers,  pour leur auto-emploi. »


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