Yaoundé: les vacances des petits commerçants


Plusieurs enfants se livrent à la vente de produits en cette période, afin, disent-ils, d’aider leurs parents à préparer la rentrée scolaire.

Les grands carrefours de Yaoundé, comme la poste centrale, Nlongkak, Warda, entre autres ont pris des allures de marchés populaires depuis près d’un mois. Mais avec des commerçants d’un autre style. Des dizaines d’enfants, filles et garçons, pour la plupart en âge scolaire ont pris d’assaut ces lieux. Ces derniers se faufilent hardiment entre les véhicules qui s’arrêtent au feu rouge pour proposer leurs marchandises. Guettant le passage au feu vert, ils haranguent  passagers et automobilistes, pour leur présenter biscuits, bonbons, chewing-gums, mouchoirs jetables, autocollants, oranges, déodorants… Océane T, 12 ans, consacre toutes ses vacances à cette activité depuis deux ans déjà. « Je m’adonne à ce commerce pour économiser de l’argent afin d’aider ma mère à préparer la prochaine rentrée scolaire de mes petits frères et moi. Une partie de l’argent que je gagne nous aide à acheter de quoi manger. Ma mère est femme de ménage dans une entreprise privée, il arrive qu’elle vaque à son occupation sans laisser à manger. Je dois alors me débrouiller pour la ration », se justifie-t-elle. Ousman, 14 ans, qui passe en classe de 4e relève que, «  pendant les rentrées, mes parents ne m’achètent pas les fournitures scolaires. Ils exigent que je fasse plusieurs années avec la même tenue scolaire et les mêmes chaussures. Je suis souvent obligé d’aller à l’école avec des chaussures usées. Avec mes économies, j’aimerais m’offrir des baskets à la mode et une tenue de classe neuve », explique-t-il.

Une activité pourtant dangereuse reconnaissent les enfants. « C’est risqué de vendre dans les carrefours, surtout quand nous nous faufilons entre les voitures. On peut se faire écraser à défaut d’être très vigilent », avoue Yamine, 12 ans. « Dans cette activité, il faut être courageux. Il faut approcher les clients pour leur proposer les marchandises en insistant surtout, même s’il faut crier, sinon vous passez inaperçu », ajoute François. Les gains, les enfants les évaluent selon le type de marchandise. « Je peux gagner 2000 F et plus en une journée, car il y a des jours où je vends deux seaux d’oranges », révèle Yamine. François, plateau de friandises en main, déclare que ses gains journaliers vont de 300 à 700 F. Cette activité commerciale exercée par les petits vacanciers persiste malgré les griefs de l’Etat et de certaines associations. Elle ne se cantonne pas seulement aux vacanciers. D’autres enfants sont condamnés à la pratiquer tout le temps.


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