Plusieurs informations et images circulent en ce moment dans les réseaux sociaux et sont également diffusées par des médias traditionnels, en rapport avec les actes de violence enregistrés récemment au sein de quelques ambassades du Cameroun à l’étranger. En attendant que les faits soient établis à la suite d’une enquête sur ce qui s’est passé dans chaque cas, on peut d’ores et déjà indiquer que plusieurs missions gouvernementales se sont rendues à l’étranger il y a quelques jours. Objectifs : expliquer aux hautes autorités de ces pays la situation qui prévaut dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest en proie aux revendications des syndicats d’enseignants et d’avocats. Puis, rencontrer des membres de la communauté camerounaise vivant dans ces pays. Si les échanges se sont bien déroulés dans certains cas, il y a eu dans d’autres de graves incidents : locaux vandalisés, profanation du drapeau, interruptions de réunions, violences, voies de fait. Des actes commis par des activistes-sécessionnistes qui militent pour la partition du Cameroun. Certains d’entre eux sont même allés jusqu’à hisser dans une mission diplomatique du Cameroun le drapeau du pays imaginaire qu’ils veulent créer. A la suite de tout cela, CT a rencontré hier Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Il condamne avec la dernière énergie ces actes répréhensibles et rappelle l’attachement des Camerounais à l’indivisibilité de leur pays.
La déclaration du ministre de la Communication.
Issa Tchiroma Bakary: « Le Cameroun, c’est un héritage »
«Le gouvernement a entrepris de dépêcher des délégations pour aller à la rencontre de nos compatriotes de la diaspora. Elles se sont rendues dans plusieurs pays. Par-ci, ça s’est bien passé ; par-là, malheureusement, il y a eu interruption des réunions, il y a eu des violences et même des voies de fait, perpétrées par des sécessionnistes, ceux-là qui veulent la partition de notre nation. Je voudrais d’abord évoquer l’histoire et je parle sous le contrôle des historiens. Ce que je veux dire nous interpelle, et interpelle les sécessionnistes. A l’époque, notre grand voisin, pays frère et ami le Nigeria, a connu une guerre de sécession à la fin des années 60. Il y avait une partie du Nigeria qui voulait se détacher de ce pays pour constituer un Etat. Ceux-là avaient appelé cet Etat le Biafra. Alors, une puissance tutélaire, de surcroît amie du Cameroun, avait demandé au président du Cameroun de l’époque, le président Ahmadou Ahidjo, de soutenir la sécession biafraise. Le président Ahidjo, fort du soutien de son armée, de sa nation et de ce qu’il était dans son bon droit, en faisant une bonne lecture de l’histoire, a fait savoir à cette puissance-là que, non seulement il ne soutiendrait pas la sécession du Biafra, mais que le soit-disant Biafra ne verra jamais le jour. Ce que je dis, je le mets sous le contrôle des historiens.
La deuxième vérité que je voudrais servir consiste à dire que notre pays, le Cameroun, est une volonté de la nation camerounaise. Mais, c’est également une volonté de l’Organisation des Nations unies. Les frontières actuelles du Cameroun sont connues et déposées aux Nations unies. Et tous les pays membres de cette institution ont obligation et mission de soutenir la configuration du Cameroun telle que c’est validé. Une manière donc de dire qu’il n’y a point de pays au monde aujourd’hui, membre des Nations unies, qui pourrait déroger au principe sacro-saint, celui qui consiste à reconnaître les frontières, telles que celles-ci ont été validées par cet organisme.
Ainsi, à nos frères qui veulent la partition du Cameroun, quel que soit le pays où ils iront, et quelle que soit la nature de leurs agitations, si ce pays est membre des Nations unies, ce pays-là ne les soutiendra pas. C’est impossible et il faut qu’ils le sachent. Ils attirent de façon négative l’attention du monde sur leur nation. C’est certainement peine perdue et comme on dit, ce sera un coup d’épée dans l’eau ; ce sera probablement un pétard mouillé. Certes, ils ont réussi le tour de force de faire parler du Cameroun en ces termes. Ils se présentent comme des victimes spoliées, comme des citoyens de seconde zone, frustrés. Mais, je leur dis : aucune nation au monde aujourd’hui ne saurait demander au Cameroun d’accéder à leur demande. Le Cameroun est signataire de la Charte des Nations unies et de toutes les conventions et chartes qui protègent les droits d l’Homme. La seule chose que tout pays peut demander au Cameroun, c’est le respect des droits de l’Homme. De faire en sorte que tous les citoyens de cette nation-là se sentent bien chez eux. Au nom de la diplomatie qui gouverne le monde, on peut le demander au Cameroun. Et c’est ce que le gouvernement camerounais est en train de faire. Tout ce qu’autorisent les lois de la République, tout ce qu’autorise la Constitution est recevable. Quelle que soit la qualité de vos revendications, si elles sont conformes aux lois, c’est recevable. Venez donc vous asseoir autour de la table et nous discutons, nous voyons ce qui peut être fait aujourd’hui. Voyons ce qui ne peut pas être fait aujourd’hui mais le sera demain. Çà, c’est la position ferme et définitive du président de la République Paul Biya.
L’autre vérité que je voudrais assener à nos compatriotes, c’est que le Cameroun aujourd’hui c’est un héritage qui nous a été légué par les pères fondateurs de notre nation. Et c’est au prix de leur sang, de leurs souffrances, de leurs vies, qu’ils ont façonné ce Cameroun. Notre responsabilité à nous tous Camerounais, ce n’est pas seulement de protéger cet héritage pour honorer la mémoire de ceux qui nous l’on légué, mais c’est de faire en sorte que nous, également, de génération en génération, qu’on puisse transmettre cet héritage, en l’améliorant chaque fois. C’est la responsabilité individuelle et collective de chaque Camerounais. Il ne faudrait pas que ces déstabilisateurs se méprennent sur la détermination de tous les Camerounais, chrétiens, musulmans, animistes, anglophones ou francophones, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Le dernier Camerounais se battra jusqu’à la dernière goutte de son sang pour maintenir cette nation unie, solidaire et prospère.
Pour cette raison, au nom du gouvernement, au nom du chef qui nous gouverne, le président Paul Biya, je leur demande de savoir raison garder, de revenir au bercail, de s’asseoir autour d’une table, de formuler leurs revendications, quelle que soit la nature de celles-ci par ailleurs. Le gouvernement viendra simplement avec les lois de la République et la Constitution.»