Pensés pour réaffirmer les liens d’amitié entre les Etats, les voyages présidentiels à l’étranger sont des actes porteurs de symboles forts qui structurent la diplomatie et témoignent du pouvoir personnel du président de la République. Le réchauffement des relations diplomatiques entre le Cameroun et l’Italie qui se manifeste depuis peu par l’échange de visites d’Etat entre les deux plus hautes personnalités de ces Etats, illustre à suffisance leur volonté de bâtir un partenariat stratégique au bénéfice de leurs peuples respectifs. « Les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts ». Cette citation de Charles de Gaulle qui donne une vision purement marchande des relations inter-étatiques ne s’applique véritablement pas dans le cas du couple Cameroun-Italie. Les deux pays ont en commun, bien plus que les intérêts mercantiles, les valeurs humaines qui constituent une centralité de leur coopération. La visite d’Etat qu’a effectué le président Paul Biya à Rome et qui intervient presque un an, jour pour jour après celle du président Sergio Mattarella au Cameroun, marque un tournant important dans le rapprochement entre Rome et Yaoundé.
La visite d’Etat dans la nomenclature des voyages officiels constitue un symbole de l’amitié entre les deux chefs d’État et leurs pays respectifs. Le Cameroun se classe ainsi parmi les rares pays africains à recevoir un chef d’Etat italien en visite d’Etat sur son sol. En revanche, Paul Biya est le premier chef d’Etat africain à avoir effectué une visite d’Etat en Italie comme signe de la profondeur des relations entre l’Italie et le Cameroun. L’analyse de l’évolution des relations entre les deux pays montre que ce déplacement s’inscrit dans un registre d’innovation et de mise en place d’une nouvelle base de partenariat. L’échange de visites entre les deux chefs d’Etat apparaît donc comme un adjuvant pour donner une pente ascendante à la coopération déjà si fructueuse entre les deux pays. Ce « new deal » diplomatique entre Rome et Yaoundé sera facilité par la volonté affichée par les deux présidents de donner une impulsion vigoureuse à cette coopération.
Dans sa déclaration à la presse et le toast lors du dîner d’Etat organisé en son honneur, le chef de l’Etat camerounais a réitéré son souhait de voir l’Italie devenir l’un des partenaires majeurs du Cameroun. « Nos relations avaient déjà atteint un niveau appréciable. Nous sommes convaincus que nous pouvons faire davantage. C’est dans ce contexte que nous avons élargi le cadre juridique par la signature de nombreux accords », a-t-il souligné. L’Italie semble adhérer entièrement à cette vision, à en juger par le volume sans cesse croissant de ses investissements au Cameroun. Ceci est une illustration parfaite de la vitalité des relations italo-camerounaises. Bien plus, Paul Biya et Sergio Mattarella ont affiché une convergence de vues sur la plupart des questions, tant bilatérales que multilatérales. Qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, que de la réforme du conseil de sécurité de l’Onu, voire de l’option pour le règlement pacifique des crises à travers le monde et notamment en Afrique, les deux chefs d’Etat sont en accord parfait. Ils jouissent d’ailleurs tous les deux de la réputation d’être des sages au milieu de leurs pairs européens et africains. Ils sont certainement inspirés de la « sapientia » romaine et de la sagesse africaine.