Un partenaire incontournable


Regard

Il a fallu du temps pour renouer avec une tradition rompue depuis 1986. La réinstauration de ce rituel, trentedeux ans après, consacre les grandes avancées opérées dans ce corps depuis quelques années au Cameroun.

A travers cette rentrée solennelle, l’ordre des avocats au barreau et les pouvoirs publics camerounais entendent redonner à cette profession judicaire ses lettres de noblesse. Ces dernières années, le gouvernement a beaucoup oeuvré pour redorer le blason d’une profession qui attire de plus en plus de postulants.

L’organisation régulière de l’examen d’aptitude au stage d’avocat, la traduction en anglais des textes de l’Ohada et la prise en compte des préoccupations du barreau lors de la rédaction et de la validation du nouveau code pénal sont autant d’éléments qui illustrent la bonne collaboration entre la chancellerie et le barreau.

Il ne pouvait en être autrement pour un pays comme le Cameroun qui consolide, au fil des ans, les attributs d’Etat de justice à l’aune des parangons universels. Ici comme ailleurs, l’avocat est un chainon essentiel dans toutes les étapes de la procédure judiciaire. Le rôle central de cet auxiliaire de justice est d’ailleurs réaffirmé dans notre texte fondamental.

Le droit à un avocat dans la conduite du procès pénal est inscrit depuis longtemps dans la constitution camerounaise. Dans le préambule de la Constitution du 18 janvier 1996, on peut y lire : « Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie au cours d’un procès conduit dans le strict respect des droits de la défense ».

Mais plus qu’un conseil et un protecteur des droits de la défense, ce praticien du droit peut être consulté au sujet de la rédaction de statuts ou de contrats, afin précisément de parer à l’éventualité de contentieux coûteux. C’est le sens du plaidoyer que le bâtonnier a déroulé hier à l’endroit du gouvernement et du patronat camerounais. Mais pour que l’avocat joue pleinement sa fonction et son rôle au sein de la société, le Conseil de l’ordre doit dératiser en son sein.

La profession ne doit pas devenir un refuge de tous les rebuts des facultés des sciences juridiques. Dans cette optique, la nécessité de reprise en main des avocats est plus qu’urgente au regard de nombreuses récriminations de la clientèle. Le serment prononcé à l’admission de la profession et selon laquelle l’avocat s’engage à « exercer ses fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité, humanité, et respecter dans cet exercice les principes d’honneur, de loyauté, de désintéressement… » est parfois perçu comme une pure incantation. Beaucoup d’avocats prennent des libertés avec les règles professionnelles et déontologiques.

Ils sont nombreux, ceux-là dont les noms sont régulièrement associés à de nombreuses affaires scabreuses. Par ailleurs, l’actualité autour du récent concours illustre à suffire le besoin de revoir les conditions d’accès des postulants dans la profession. La création d’une école de formation du barreau et le relèvement du niveau du diplôme au concours d’entrée dans la profession sont consignés parmi les éléments clés de la mue envisagée pour ce corps.

Cette nécessité de réforme passe également par le toilettage de la loi de 1990 qui régit la profession pour l’arrimer aux réalités actuelles. Par ailleurs, le gouvernement et le Conseil de l’ordre devraient songer à combler les déserts judiciaires. De nombreuses localités de l’arrière-pays dotées pourtant des juridictions sont abandonnées par les avocats au profit des grandes métropoles. Ce qui constitue un préjudicie pour de nombreux justiciables d’autant que l’avocat est un partenaire incontournable.


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