Pouvez-vous ressortir la substance du documentaire que vous présentez au Fespaco ?
« Pa’Ta’Kam, un semi-super centenaire au service des pierres » est un court métrage de 35 minutes qui raconte l’histoire d’un vieillard de plus de 100 ans qui a choisi comme profession de parcourir son village tous les matins et de ramasser les pierres qu’il rencontre autour de lui afin de les revendre à des populations pour des activités de génie civil, entre autres. J’ai choisi de raconter cette histoire car j’ai passé toute mon enfance avec ce monsieur et à l’époque je trouvais très drôle de le voir quitter son domicile à 5h du matin pour ramasser des pierres. Je suis allée en ville pour des raisons académiques et professionnelles, et quand je suis retournée dans mon village 30 ans après, il était toujours là à pratiquer la même activité avec brio. Il avait plus de 100 ans. J’ai décidé de faire un documentaire, un focus sur ce monsieur qui au lieu d’une vie dans un bureau confortable a choisi ce métier pénible. Il est un exemple de persévérance.
Comment vous retrouvez-vous à embrasser le métier de réalisatrice ?
Mon aventure dans le cinéma commence en 2005, quand j’ai terminé mes études à l’Institut Fotso Victor avec une licence en informatique. Le sillage professionnel ne me donnant aucune chance de trouver un emploi dans ce domaine de l’informatique, je me suis alors tournée vers un autre domaine porteur qui est le montage vidéo. Je suis d’abord monteuse, puis réalisatrice. Je peux le dire humblement, de 2005 à 2019, je suis à ma énième réalisation, mais c’est la première fois que je postule au Fespaco. Coup d’essai, coup de maître. Je ne peux que remercier Dieu. J’ai un challenge, celui de travailler sans arrêt, afin que les résultats de ce travail puissent faire écho. « Patience et travail », c’est mon principal leitmotiv.
Quelles perspectives pour votre film en cas de nomination au FESPACO ?
Le Fespaco me donne la chance de venir toucher du doigt les réalités du cinéma africain. Pour moi, c’est déjà un exploit d’avoir été sélectionnée, car cela veut dire que dans mon travail, les professionnels du cinéma africain qui m’ont sélectionnée ont vu une graine qui ne demande qu’à germer. Cette nomination au Fespaco est un certificat de professionnalisme. Mon séjour ici à Ouagadougou me permet de comprendre de manière effective le besoin réel sur le marché du cinéma africain, et m’aide à réaliser également que je n’ai pas la science infuse, en même temps que cela m’ouvre l’esprit. L’objectif à présent est de continuer à travailler, de bâtir d’autres projets et de postuler à d’autres éditions du Fespaco. C’est aussi le moment de transmettre le savoir reçu aux cadets.