Un engagement collectif


Commentaire

  Les nouvelles missions de dialogue et de paix déployées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont enregistré suffisamment de doléances pour qu’on s’y attarde. Parmi les revendications consignées par le Premier ministre, chef du gouvernement, Philémon Yang, au Nord- Ouest et par le président de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, Peter Mafany Musonge au Sud-Ouest, émerge le souhait d’une mise en oeuvre plus complète du processus de décentralisation. Dans ce sens, le chef supérieur de Babungo, Sa Majesté Zofoa Ndofoa II, relève : « Nous avons saisi cette occasion pour demander au Premier ministre (…) de faire en sorte que la décentralisation soit effective et utile ». Toujours est-il que depuis le lancement du processus de décentralisation au Cameroun à travers la loi No 2004/018/ du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes, le gouvernement de la République n’est pas resté les bras croisés conformément aux dispositions de la loi d’orientation de la décentralisation. Il suffit de relever que deux milliards de francs ont été transférés aux communes en 2010 dans le cadre de la décentralisation, cinq milliards en 2011 et six milliards en 2012, pour ne citer que ces dotations. En 2015, année théorique de la fin des transferts des compétences aux communes, 35 milliards étaient censés être prélevés dans le budget de l’Etat selon les indications fournies par les assises du Conseil national de la décentralisation du 30 juin 2015. Cette enveloppe mérite certainement d’être revalorisée, compte tenu des attentes exprimées par la base. Certes, il est attendu davantage d’efforts de la part du gouvernement pour concrétiser l’option de la décentralisation. Certes aussi, quelques lacunes sont inventoriées du côté des maires notamment les difficultés de collaboration entre exécutifs communaux, le non respect des principes de gouvernance, l’inadéquation des ressources budgétaires par rapport aux plans de développement communaux, la non implication des adjoints aux maires dans la gestion communale. Il demeure également établi que l’implication des populations est requise pour accroître l’impact du processus de décentralisation .L’alinéa 1 de l’article 3 de la loi d’orientation de la décentralisation est clair et sans équivoque : « La commune a une mission générale de développement et d’amélioration du cadre et des conditions de vie des populations. » L’alinéa 2 précise : « Elle peut, en plus de ses moyens propres, solliciter le concours des populations, des organisations de la société civile, d’autres collectivités territoriales décentralisées, de l’Etat et des partenaires internationaux conformément à la législation et la règlementation en vigueur ». Peut-être que ces dispositions pertinentes de la loi ne sont pas suffisamment exploitées par les communes d’où partent généralement des récriminations. Peut-être que les populations ne s’impliquent pas fortement dans le développement local. Quelles que soient les défaillances constatées, il ne faut cependant pas prendre le risque de s’attaquer aux infrastructures existantes et mettre la paix en danger. Les défis à relever dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, comme dans les autres du Cameroun, sont si nombreux que les priorités des Camerounais devraient demeurer la paix, l’unité, la cohésion nationale, le vivre- ensemble et le progrès. Aujourd’hui comme hier, ces priorités constituent les valeurs fondamentales de la nation camerounaise. Le 13 septembre 1991, à Bamenda, à l’occasion de sa visite officielle dans le Nord- Ouest, au lendemain des «villes, mortes», le président de la République, Paul Biya, relevait que rien de solide ne peut se bâtir dans un climat de violence : « je viens vers vous, aujourd’hui, dans un esprit d’apaisement et de conciliation. Je suis venu vous dire : taisons nos passions et, ensemble, cherchons des solutions. N’opposons pas des Camerounais entre eux. N’opposons pas anglophones et francophones.», avait-il alors déclaré. Des propos qui gardent toute leur pertinence dans le contexte actuel. Dès lors, l’accélération du rythme de la décentralisation incombe à tous les Camerounais. Il s’agit d’un engagement individuel et collectif. De sorte que les bienfaits du développement local soient ressentis par le maximum de citoyens.


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