L’ancienne gloire du ballon rond hérite d’un pays où tout est presqu’à reconstruire.
Pas d’état de grâce pour George Weah. Le président élu du Liberia devra directement passer à l’action, une fois l’euphorie de l’investiture retombée. Tant les espoirs de ses compatriotes sont nombreux et les défis immenses. Le séjour de l’ancienne gloire du football au palais de l’Exécutive Mansion ne sera pas une sinécure.
Il doit pouvoir redresser un pays qui peine à se remettre de plusieurs années de crise. Les deux guerres civiles survenues de 1989 à 1996 et de 1999 à 2003 ont plongé le Liberia dans un chaos indescriptible.
Ces conflits n’ont pas que fait des milliers de morts, mais aussi un nombre incalculable de blessés, lorsqu’ils n’ont pas contraint des milliers d’autres Libériens à l’exil. Une quinzaine d’années plus tard, ces épisodes tragiques sont loin d’être effacés de la mémoire collective. Tant les images de terreur et les scènes de chaos du temps de Charles Taylor restent encore vivaces dans les esprits.
Le nouveau président devra donc mettre à contribution l’aura dont il jouit auprès des masses pour faire renaitre l’amour de la partie en ces milliers d’exilés dans l’esprit de qui le retour au pays natal n’est pas pour demain.
A ceux restés au pays, poursuivre le chantier du vivre ensemble si bien entamé par son prédécesseur, Ellen Johnson Sirleaf. L’ancien sociétaire du Tonnerre Kalara Club (TKC) de Yaoundé hérite d’un pays pauvre qui se remet péniblement de la convalescence du virus Ebola qui, selon des statistiques officielles, a fait environ 5 000 morts.
La maladie qui a atteint son pic en 2014 a contribué à l’effondrement de 90% de l’économie nationale. Le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) qui avait atteint 8,9% en 2013, a chuté à 0,7% en 2014 et à 0,9% en 2015. En 2016, celui-ci a davantage dégringolé de -0,5%. Le quotidien est marqué par le chômage, l’emploi précaire et de fortes tensions sociales. Selon la Banque mondiale, 85% de la population est sans emploi formel et 84% vit avec moins d’un dollar par jour.
25% de Libériens seulement ont accès à l’eau potable. Le pays de George Weah est présenté comme détenant l’un des taux de mortalité maternelle et infantile les plus élevés au monde. Tout comme il reste vulnérable aux insectes qui constituent un véritable frein au développement de l’agriculture. Cette situation le rend en grande partie dépendant des importations alimentaires.
A défaut de mettre en place un plan de redressement du Liberia propre à lui, le nouveau président devra consolider les acquis de la stratégie de croissance et de développement (2012-2017) conduite par l’administration sortante, en attendant que le pays atteigne un niveau de revenu moyen d’ici 2030.
Son élection avec 61,5% des suffrages est l’illustration parfaite du degré de confiance et du capital sympathie placé en George Weah. Ses compatriotes comptent sur lui pour tourner cette page sombre de l’histoire du Liberia.