Se dirige-t-on enfin vers une décrispation du climat socio-politique au Soudan ? Après trois semaines d’impasse politique due à la rupture du dialogue entre le Conseil militaire au pouvoir depuis le 11 avril dernier après la chute d’Omar el-Bechir et l’opposition, les colombes de la paix réapparaissent dans le ciel soudanais. Samedi, 22 juin 2019 les Forces de la liberté et du changement se sont dites favorables au projet d’accord de la médiation éthiopienne. Alors qu’elle était catégorique pour l’avènement d’un gouvernement de transition composé uniquement que de civils, la principale coalition de l’opposition dit avoir donné son feu vert en faveur de la structure du futur gouvernement de transition à mettre en place au Soudan tel que proposée par l’Ethiopie. Le plan de sortie de crise suggéré par Addis-Abeba prévoit la mise en place d’un Conseil souverain constitué de 15 personnalités, dont huit civils et sept militaires devant conduire le pays jusqu’aux prochaines élections prévues dans trois ans. Parmi les huit civils, sept devraient être issus de l’Alliance pour la liberté et le changement, présentée comme étant le ferde- lance du mouvement de contestation. Alors que le huitième poste reviendrait à une personnalité jugée impartiale.
Après des semaines de violences qui ont connu leur pic le 3 juin dernier avec la dispersion sanglante d’un sit-in de l’opposition devant le siège de l’armée qui s’est soldée par la mort de dizaines de personnes et de nombreux blessés parmi les civils, Khartoum semble souffler à nouveau. Alors que des pourparlers se déroulaient hier entre des leaders du FCC et la médiation éthiopienne, la contestation populaire est visiblement retombée dans la capitale soudanaise. Pour le moment, du côté de la junte au pouvoir, aucune réaction officielle. Ce début d’apaisement intervient alors que le Soudan se trouve depuis le 6 juin dernier sous le coup d’une suspension de l’Union africaine (UA) qui conditionne la levée de celle-ci par la mise en place d’une autorité civile. Par la voix du Sierra- Léonais Patrick Kapuwa, président en exercice du Conseil paix et sécurité, l’organisation panafricaine a promis d’imposer «automatiquement des mesures punitives sur les individus et les entités qui ont empêché l’établissement d’une autorité civile ».