Règles d’urbanisation :en torts et en travers


Entre ceux qui ne les maîtrisent pas et ceux et qui les foulent au pied volontairement, l’harmonie des constructions dans les zones d’habitation est une gageure

 

Le quartier Plateau à Garoua, parcouru de pelleteuses et d’engins. La scène, vécue l’année dernière dans la capitale régionale du Nord, avait quelque chose de surréaliste. Ce quartier qui abrite l’essentiel des services administratifs et des résidences chics de la ville, n’était en effet pas réputé pour des entorses à l’urbanisme. Mais à la faveur de quelques transactions foncières douteuses, des constructions anarchiques ont commencé à doucement essaimer les dédales du quartier chic. Des maisons construites sur l’emprise de drains ou à distance non règlementaire de la route, des constructions obstruant des dessertes secondaires, ou encore des habitations bâties sur des zones non constructibles. La vaste campagne d’assainissement entamée par la municipalité dans des zones plus populaires comme Nkolbives, Quartier Bamiléké, Nassarao ou Lopéré, n’a pas manqué de venir aussi sévir dans la partie résidentielle du Plateau.

Il faut dire que ces opérations intervenaient au moment où la ville de Garoua venait de lancer des études en vue d’élaborer un nouveau plan directeur d’urbanisme et d’occupation des sols. Selon le délégué du gouvernement Ahmadou Elhadji Bouba, Garoua était avec Yaoundé et Douala, l’une des seules villes à avoir adopté un véritable plan d’urbanisme dans les années 80. Si du fait de la pression démographique les deux grandes métropoles ont eu du mal à l’appliquer en se développant, Garoua a essayé de s’y tenir. Mais entre la réforme de 2007 instaurant une Communauté urbaine et des communes d’arrondissements, les pratiques de personnels véreux des services du cadastre et la permissivité de quelques autorités administratives, des failles ont été créées et les contrevenants s’y sont engouffrés. En cause, le plus souvent, le manque de maîtrise des procédures, la méconnaissance de la règlementation, ou encore le refus délibéré de l’appliquer. « Avec la loi du 21 avril 2004 sur l’urbanisme, l’avènement du permis de construire met à l’abri de toutes ces dérives. Beaucoup préfèrent le contourner, alors que son coût n’est même pas prohibitif. Moins prohibitif en tout cas que lorsqu’on est obligé de casser », fait observer le délégué du gouvernement.

Pour le délégué régional du Minhdu, André Vaiwa, la compétence de police pour le respect de ces règles d’urbanisme ayant été transférée aux communes, des formations sont régulièrement organisées à l’intention des personnels de ces collectivités décentralisées afin de mieux les capaciter sur cette question. Et le cas échéant, les services régionaux du Minhdu sont à la disposition de chaque commune qui les sollicite, pour des appuis techniques.


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