Après avoir constaté – pour le déplorer – que les principes cardinaux qui régissent l’action du gouvernement à savoir : la collaboration, la solidarité et le respect des procédures ne sont plus respectés par tous les membres de son équipe, et que certains dans cette équipe s’illustrent par des initiatives personnelles et solitaires, le Premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute, a adressé le 9 avril 2020 aux ministres d’Etat, ministres, ministres délégués et secrétaires d’Etat, une correspondance dans laquelle il rappelle les règles incontournables sans lesquelles toute action gouvernementale est vouée à l’échec.
Pour bien comprendre les mobiles du recadrage auquel vient de procéder Joseph Dion Ngute, il convient de rappeler que le gouvernement a pour mission principale la mise en œuvre de la politique définie par le président de la République. Politique pour laquelle il a été élu par le peuple souverain. Il s’agit donc d’une prérogative constitutionnelle. Depuis le début du septennat 2018-2025 dit des Grandes opportunités, le chef de l’Etat a nommé comme Premier ministre Joseph Dion Ngute. En sa qualité de chef de gouvernement, il doit coordonner l’action de tous les membres de son équipe, dans l’optique de satisfaire les attentes des populations qui s’expriment en termes de routes, d’écoles, d’infrastructures sanitaires, d’accès à l’eau et à l’électricité, d’emplois, de sécurité…
Pour que la mission confiée au gouvernement produise les résultats escomptés, notamment l’amélioration du bien-être des populations, et les avancées significatives en vue de l’atteinte de l’émergence à l’horizon 2035, les membres du gouvernement doivent se comporter comme les sportifs d’une équipe de football par exemple. Ils ne doivent viser que la victoire finale qui sera le fruit du travail collectif, indépendamment du talent des uns et des autres. Par contre, si certains joueurs sont habités par le souci de réaliser des coups d’éclat individuels, dans l’optique de se démarquer des autres, ils risquent de le faire au détriment du groupe. Ce qui n’est pas acceptable dans le cadre de la pratique d’un sport collectif.
Ce qui est valable pour les pratiquants de sports collectifs l’est aussi pour l’équipe gouvernementale dont le travail est régi par des règles qu’aucun ministre d’Etat, ministre, ministre délégué, secrétaire d’Etat n’est censé ignorer. Les membres du gouvernement doivent donc être constamment habités par l’esprit de franche collaboration et de solidarité. Ils doivent par ailleurs s’astreindre au respect des procédures qui ne sont ni fortuites, ni facultatives. C’est notamment le cas de l’obtention du visa préalable, plus précisément de l’accord du Premier ministre avant la prise d’un acte administratif. Cette contrainte est plus forte pour les administrations sectorielles impliquées dans la mise en œuvre d’une stratégie gouvernementale.
Le recadrage du Premier ministre concerne également la communication gouvernementale dont de nombreux observateurs ont relevé qu’elle manque d’harmonie depuis quelque temps. Pour mettre un terme à ce qui a pu apparaître à certains égards comme une cacophonie, Joseph Dion Ngute demande aux membres du gouvernement de « faire preuve de retenue et de prudence dans leurs communications écrites ou à l’occasion de leurs interventions orales sur les problématiques relevant de la politique gouvernementale en général ». Par ailleurs, il demande que le ministre de la Communication soit étroitement associé dans la mise en œuvre des initiatives médiatiques conduites par les administrations sectorielles.
Au total, conscient de la lourde responsabilité du gouvernement dans la mise en œuvre de la politique définie par le chef de l’Etat, Joseph Dion Ngute veut que tous les membres de l’équipe dont il a la charge soient concentrés sur l’objectif final, les résultats attendus. C’est pourquoi il demande à ceux qui sont tentés par des exploits individuels de se remettre dans les rangs, et de se conformer à la dynamique de groupe, à l’esprit d’ouverture, à la franche collaboration et au travail en synergie. Car les ministères dont ils ont la charge « ne constituent pas des entités indépendantes », l’action publique étant, quant à elle, « par essence transversale et interministérielle. »