Protection civile: tous au secourisme !


C’est l’option prise par le Cameroun à l’occasion de la célébration hier de la Journée internationale dont l’apothéose a eu lieu au Minatd à Yaoundé

 

Trois jours d’activités pleines : formation, assainissement, sensibilisation, visite dans une entreprise présentant des risques. Au bout du compte, une démonstration des élèves de quelques lycées de Yaoundé, prouvant qu’ils maîtrisent les techniques de secourisme et sont prêts, le cas échéant. Le thème de la célébration : « Ensemble avec la protection civile face aux catastrophes », indique que l’option prise par le Cameroun est le droit de vivre en sécurité dans un contexte où la menace de catastrophe est réelle et la survenue des drames régulière. En 2016, l’accident ferroviaire d’Edéa reste dans les esprits. Plusieurs incendies ont décimé les marchés, beaucoup d’immeubles se sont effondrés, il y a eu une récurrence d’inondations, des personnes ont péri dans les cours d’eau, on a même signalé l’invasion des champs par des chenilles. Des situations de catastrophe qui ont créé des dommages irréparables.

René Emmanuel Sadi, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, en présidant la cérémonie de la célébration de la Journée internationale de la protection civile, a encouragé la culture du secourisme dans le vécu quotidien des citoyens. « La protection civile doit s’enraciner dans nos comportements…et chacun devrait s’impliquer dans les préventions des risques et la gestion des catastrophes », a suggéré le Minatdt. C’est dans ce sillage que se sont orientées toutes les activités organisées par la direction de la protection civile de ce ministère.

Avant l’apothéose de l’après-midi, une descente a eu lieu d’abord à Nkolbisson, un quartier de Yaoundé, fortement exposé aux risques d’inondation. Ici, l’accent a été mis sur la responsabilité des populations dans la survenue des sinistres. Elles ont été sensibilisées sur la nécessité d’adopter des comportements corrects qui les épargnent des drames. Une passerelle en bois a été offerte aux riverains du cours d’eau « Afeme » pour réduire les risques de noyade sur le vieux pont qui présentait plus de danger qu’il n’offrait de sécurité. A la décharge de la Société d’hygiène et d’assainissement du Cameroun (Hysacam), il a été question de « mieux comprendre les enjeux de la collecte et de traitement des déchets. Car la mauvaise gestion de ces déchets ou les équipements y relatifs peut exposer les vies humaines », a expliqué Mariatou Yap, directeur de la protection civile.

 

René Sadi: « Chacun de nous doit participer à la prévention des catastrophes »

 Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation explique

 

Monsieur le ministre, quel regard jetez-vous sur la célébration de la Journée mondiale de la protection civile ?

Comme lors des éditions précédentes, la célébration cette année de la Journée Mondiale de la Protection Civile est une occasion que nous saisissons pour mener diverses actions de formation et de sensibilisation. Ainsi, nous voulons attirer l’attention de la communauté nationale sur l’intérêt et les enjeux du thème retenu pour l’année 2017 par l’Organisation Internationale de la Protection Civile, à savoir: « Ensemble avec la protection civile face aux catastrophes ». Plus que jamais, la protection civile apparaît comme un domaine de ralliement, un domaine  qui concerne et interpelle chaque citoyen et l’ensemble de la communauté nationale. Aux cotés du gouvernement et des partenaires, chacun de nous doit se sentir impliqué, par les mesures et les attitudes appropriées pour préserver les personnes, les biens et l’environnement contre les risques d’accidents graves, de calamités ou de catastrophes. Comme à l’accoutumée, la célébration de la Journée mondiale de la protection civile est donc pour nous un moment idoine pour faire le point de la situation et pour sensibiliser les populations sur les mesures de sauvegarde adaptées à notre contexte, notre pays étant du reste exposé à une grande variété de risques de catastrophes.

Quel rôle assignez-vous aux populations dans la prévention et la gestion des catastrophes ?

Les populations, les citoyens sont appelés à être les premiers acteurs de notre dispositif de protection civile. Chacun de nous doit s’investir et participer à la stratégie de prévention des risques et de gestion des catastrophes. J’invite nos concitoyens à faire preuve de civisme et de responsabilité dans leurs activités quotidiennes car, il faut le souligner,  le déficit, dans notre contexte, d’une véritable culture de protection civile au sein de nos populations constitue un défi majeur à relever. Nos populations doivent donc faire davantage preuve de vigilance, de prudence et de responsabilité tout comme elles doivent s’engager dans la protection de l’environnement. En adoptant des comportements plus avisés, nous pouvons en effet contribuer à la réduction de la prévalence des catastrophes. Si l’on admet que la catastrophe résulte de la rencontre entre l’aléa et la vulnérabilité, l’aléa étant souvent un phénomène naturel sur lequel l’Homme a difficilement une emprise, l’on considère que la vulnérabilité, quant à elle, renvoie à une situation et à des facteurs qui incombent à l’homme.  En définitive, nos populations peuvent et doivent contribuer à la réduction des risques de catastrophes, à travers certains comportements et en s’appropriant les mesures prudentielles édictées dans les différents plans de prévention des risques.

Estimez-vous que les collectivités territoriales décentralisées, les entreprises publiques, parapubliques et privées s’impliquent suffisamment dans la prévention et la gestion des catastrophes ?

A ce sujet, je tiens à rappeler que, par essence,  la thématique de la protection civile est transversale et plurisectorielle. Les Collectivités territoriales décentralisées, les entreprises publiques, parapubliques et privées sont ainsi pleinement intégrées dans  notre dispositif de prévention des risques  et de gestion des catastrophes. S’agissant, par exemple, des Collectivités territoriales décentralisées, celles-ci sont de plus en plus impliquées dans le domaine de la protection civile, qui fait partie du champ de certaines de leurs compétences, notamment en ce qui concerne les normes d’occupation des sols, la gestion des déchets, la lutte contre l’insalubrité, les pollutions et les nuisances. Quant aux entreprises publiques, parapubliques et privées, la plupart d’entre elles comprennent mieux aujourd’hui  la nécessité d’accompagner le gouvernement sur le vaste chantier de la protection civile, certaines de leurs activités étant par ailleurs génératrices de risques et de nuisances. Je saisis  cette opportunité pour exprimer ma gratitude à celles de ces entreprises citoyennes qui, depuis quelques années, accompagnent mon département dans les diverses campagnes qui sont organisées à l’occasion des Journées consacrées à la protection civile.

Qu’attendez-vous de ces structures dans la prévention et la gestion des catastrophes ?

Nous attendons des collectivités territoriales décentralisées, des entreprises publiques, parapubliques et privées qu’elles s’impliquent plus et mieux que par le passé, dans le développement de notre dispositif national de protection civile. Dans ce sens, nous envisageons d’organiser, sous peu, un forum qui réunira les divers acteurs institutionnels, de la protection civile et les entreprises génératrices de risques. Au terme de ce forum, nous mettrons en place un cadre formel de coopération qui s’inscrira dans la perspective d’une  redynamisation de la plate-forme nationale pour la réduction des risques de catastrophes, que cordonne le ministère de l’administration territoriale et de la Décentralisation.

Quelles sont les actions prioritaires dans le domaine de la prévention et de la gestion des catastrophes en 2017 ?

Plusieurs actions significatives sont inscrites dans notre feuille de route de cette année. Nous entendons ainsi mettre en place un système pilote d’un réseau national des télécommunications d’urgence, à travers  l’opérationnalisation des centres des opérations d’urgence. De même, il s’agira de poursuivre la mise en œuvre du Programme des Nations unies pour le Développement et de continuer l’exécution du Programme d’Amélioration de la Résilience des Populations aux Effets du Changement Climatique (REPECC). Enfin, la Plate-forme Nationale pour la Réduction des Risques de Catastrophes (PN2RC), sera opérationnelle à terme. Par ailleurs, nous envisageons de procéder au renforcement des capacités des acteurs de la protection civile et des autorités locales, à travers l’organisation des sessions de formation. Des plans d’Organisation de Secours (Plans ORSEC) seront aussi élaborés pour le compte des cinq (5)  départements : la Mifi ; la Vina ; le Noun ; la Mefou et Afamba et le Donga Mantung. Enfin, une profonde réflexion sera engagée en vue de la réforme du secteur de la protection civile dans notre pays, pour lui permettre de disposer d’outils appropriés de prévention, mais surtout de gestion optimale des situations de crise, quelles qu’en soient l’urgence et l’envergure./-

Propos recueillis

par Paul EBOA


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