Avec désormais 2,7% de taux de prévalence au lieu de 5,4% en 2004, le Cameroun est en voie de tordre le cou au VIH/sida. Cependant, les plus de 280 000 personnes dépistées positives et mises sous traitement ont du mal à avoir une charge virale indétectable, leur permettant de ne plus transmettre la maladie. Ceci à cause du phénomène des résistances aux antirétroviraux (ARV), causé principalement par la mauvaise prise des médicaments, le contact avec une personne ayant un virus résistant ou encore, la prédisposition génétique faisant en sorte que certains résistent au traitement.
Face à cette nouvelle menace, le Centre international de référence Chantal Biya (CIRCB) a pris les choses en main. Reférence pour la plupart des examens réalisés dans le cadre du suivi des personnes vivant avec le VIH/sida, le CIRCB mène aussi des recherches sur les résistances aux ARV au quotidien. Selon les explications de son directeur général, le Pr. Alexis Ndjolo, « il est important de donner la bonne information aux praticiens, d’échanger avec eux et de leur montrer les avancées enregistrées dans les laboratoires pour le bénéfice des patients. » C’est entre autres pour ces raisons qu’un atelier de deux jours se tient depuis hier au CIRCB sous le thème : « Prévenir la résistance du VIH avec I=I (indétectabilité) = intransmissibilité) ». Y prennent part, près de 60 cliniciens qui suivent les malades dans les 10 régions.
Une initiative doublement saluée par le Pr. Thérèse Ng’Awono Nkoa, représentante du ministère de la Santé publique et par Savina Ammassari, directrice-pays de l’Onusida. Cette dernière a ainsi indiqué que « cet atelier est très important. Car le CIRCB est très avancé en matière de lutte contre les résistances aux médicaments. Il est urgent de trouver des solutions. Ceci parce que les cas varient en fonction des régions et des patients. » L’atelier de Yaoundé fait d’ailleurs suite à plusieurs actions menées sur terrain. Selon le Dr Joseph Fokam, chef de laboratoire de virologie au CIRCB, « le Centre a couvert huit des 10 régions du pays pour la surveillance des résistances prétraitement. Nous nous sommes rendus compte que trois d’entre elle ont un taux de résistance supérieur à 10%, seuil requis par l’Oms pour changer les lignes thérapeutiques chez les patients. Il s’agit de l’Extrême-Nord, de l’Est et le Sud-ouest.» C’est une manière pour le CIRCB, d’accompagner les pouvoirs publics dans la réduction et la prévention des cas de résistance aux ARV à travers le pays.