Regard
Les femmes seront-elles plus représentées au niveau des postes électifs à l’issue des différents scrutins prévus cette année au Cameroun ? Pas sûr. Car les facteurs qui ont jusqu’ici été à l’origine de leur marginalisation n’ont pas disparu. A l’instar de leur faible capacité financière et des pesanteurs sur le plan sociologique et psychologique.
Sans oublier leur apathie à se mobiliser durant le processus d’inscription ou de révision des listes électorales. A titre d’illustration, les statistiques d’Elections Cameroon indiquent qu’en 2017, sur 403 069 électeurs nouvellement inscrits, on comptait 243 915 hommes contre seulement 159 154 femmes. Soit moins de 40%.
Et pourtant, d’un parti politique à l’autre, les femmes sont les plus nombreuses à animer les meetings et à battre le pavé. Les chiffres indiquant leur sous-représentativité parlent d’eux-mêmes : 56 femmes à l’Assemblée nationale sur 180 députés ; 21 femmes au Sénat sur 100 sénateurs ; et 28 femmes maires sur 360 mairies.
A l’heure des manœuvres pré-électorales, des voix s’élèvent à nouveau pour dénoncer cette injustice et faire bouger davantage les lignes. Et ce ne sont pas les arguments qui manquent pour justifier pourquoi les femmes doivent prendre la place qui leur revient, en rapport avec leur poids démographique.
En effet, dans le cadre du Projet d’appui à la massification de la participation politique des femmes aux échéances de 2018, l’ONG « More Women in Politics », avec un consortium de sept associations dans sept régions du Cameroun, pilote cette initiative qui vise à mobiliser et faire accroître le nombre d’inscriptions des femmes sur les listes électorales d’au moins 20%.
Puis, à créer une masse critique d’au moins 30% de femmes maires à l’issue des municipales de 2018 car pour l’instant, elles ne représentent qu’à peine 8%.
Ce projet est porté par la vision selon laquelle réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 nécessite l’inclusion de plus de femmes et de filles dans la gouvernance locale à l’ère de la décentralisation.
Parce que, à l’observation, les femmes sont plus proches des besoins pratiques des populations à la base. Les études les plus avérées (FMI, Banque mondiale, PNUD) ont d’ailleurs démontré qu’une démocratie plus inclusive accélère d’au moins deux points la croissance économique des Etats.
Selon le Pr Justine Diffo, coordonnatrice de « More Women in Politics », l’accroissement de la participation politique des femmes passera aussi par le développement de la finance inclusive et l’accompagnement de la migration de 80% de femmes du secteur informel vers le secteur formel de l’économie.
Ce qui signifie que le leadership politique des femmes sera la résultante de leur autonomisation sur le plan économique.
Sur le plan juridique, elle soutient qu’il faut renforcer les garanties existantes par la promulgation d’un décret d’application du Code électoral actuel avant les prochaines échéances électorales.
Le Code électoral de 2012 se limitant à dire que la constitution des listes de candidatures aux différents scrutins doit tenir compte de la composante sociologique et du genre. Aujourd’hui, l’enjeu est de fixer, pour aller plus loin, un quota d’au moins 30% de femmes sur chaque liste de candidat titulaire.