Le Royaume d’Arabie saoudite déploie d’importants investissements car pour lui, le Hajj constitue également un enjeu sociopolitique majeur.
Dans la journée du mardi 29 août 2017, le serviteur des deux saintes mosquées, le roi d’Arabie Saoudite, Salman bin Abdulaziz Al Saud, à bord de son hélicoptère, survolait tous les sites du Hajj. Une attention soutenue justifiée, au regard des enjeux autour du pèlerinage. En effet, le Hajj, cinquième pilier de l’Islam, est un rendez-vous annuel qui appelle tous les musulmans du monde entier. Dans tous les pays dont les pèlerins font le déplacement de la Mecque, l’organisation engage directement le gouvernement. C’est par exemple le cas du Cameroun, où il existe une Commission nationale du Hajj. Instance présidée par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Sous cet angle, au-delà d’un simple acte religieux, le Hajj présente des enjeux politiques et diplomatiques majeurs. « Le Royaume d’Arabie saoudite a grand intérêt à ce que le Hajj se déroule bien. Et cela passe par une bonne organisation. Lorsqu’elle est réussie, le Royaume en tire des lauriers. Au cas contraire, son image prend un sérieux coup », commente Mohamed Asr, journaliste d’origine bosniaque, basé en Australie. Pour s’en convaincre, l’on peut évoquer l’incident dramatique de 2015, lorsqu’une bousculade à Mina avait fait plus de 2000 morts. Ce drame avait suscité de vives critiques à l’égard du gouvernement saoudien. D’ailleurs, une crise diplomatique avait éclaté entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
D’autre part, il est une tradition perpétuée par le Royaume d’Arabie saoudite, que celle d’inviter des personnalités présentes au Hajj, dont des chefs d’Etat. Cette année encore, le roi Salman bin Abdulaziz Al Saud a invité les présidents de la Gambie, du Soudan et des Comores. « Vous n’allez pas croire qu’un chef d’Etat est un pèlerin ordinaire. Bien que fidèle musulman, sa présence en terre sainte nécessite un accompagnement spécial. Car, s’il est victime d’agression ou de malaise, ça devient un incident diplomatique. Donc, sur ce plan, le Hajj est aussi une passerelle politico-diplomatique entre le Royaume et d’autres pays », commente un diplomate africain, lors de la réception offerte par le roi saoudien aux personnalités invitées au Hajj 2017.