Alamine Ousmane Mey, ministre des finances.
Monsieur le ministre, au terme de la première revue du programme avec le FMI appuyé par la FEC, que peut-on dire de la situation du Cameroun ?
Le programme que nous avons confectionné en collaboration avec le FMI, les critères quantitatifs et les repères structurels ont fait l’objet d’un respect de la part du Cameroun. Nous voulons également relever que la situation économique et financière qui est celle de la sous région reste encore difficile, avec un taux de croissance global en deçà de 1%. Il est certain que le Cameroun, bénéficiant de la diversification de son économie, a connu une résilience avec un taux de croissance révisé à 4,5% en 2016 et projeté à 3,7% en 2017. Mais nous voulons, au regard des mesures envisagées, de l’embellie enregistrée au niveau international, bien que légère, espérer que dès 2018, nous serions remontés à 4,2%. Mais cela nécessite des efforts budgétaires importants, des efforts extérieurs au niveau du redressement de notre position en matière de compte courant. Quid des réserves de change qui avaient drastiquement baissé ? C’est le lieu de relever avec satisfaction l’évolution de nos réserves de change. Dans la sous région globalement, nous sommes passés de 2,2 à pratiquement 2,7 mois de couverture de nos importations. Le Cameroun qui avait un niveau de réserves au-dessus de 3 mois est passé pratiquement à 4,7 mois. Ce sont des agrégats macro économiques qui rassurent mais qui invitent aussi à redoubler d’efforts à l’échelle tant nationale que sous-régionale, afin de produire les efforts d’ajustements intérieurs et extérieurs, mettre en oeuvre les réformes structurelles indispensables pour rétablir les fondamentaux, l’équilibre nécessaires à une dynamique économique plus soutenue, avec un secteur privé qui joue pleinement son rôle. Mais aussi avec une croissance économique plus forte et plus inclusive qui conduit à une création de richesses bien réparties.
Il n’y a pas que le FMI pour soutenir le Cameroun dans son combat pour sortir de la crise. Qu’en est-il des appuis attendus des autres partenaires du pays ?
Les mesures que nous avons évoquées donneront probablement satisfaction à nos partenaires pour que les appuis budgétaires attendus par notre pays soient également mis à disposition dans le but de rattraper le retard dans l’exécution de nos dépenses publiques les plus prioritaires et dans la réalisation de nos projets de développement. Sur très hautes instructions du président de la République, en matière d’investissements et de dépenses courantes, les mesures fortes sont envisagées en matière de priorisation, de qualité de la dépense publique, d’efficience de la cette dépense. Le tout pour assurer un ajustement progressif, contrôlé qui préserve les dépenses sociales, les appuis au niveau des secteurs de la santé, de l’éducation. Mais en fin de compte une réduction du déficit budgétaire pour passer d’à peu près 6,2% en 2016 à moins de 3% à l’horizon 2019. Autant d’efforts que notre économie doit réaliser, autant d’efforts que les acteurs publics et privés doivent consentir avec à l’esprit, comme objectif ultime, l’émergence du Cameroun. Emergence qui se fait en association avec les autres pays de la sous région dont certains ont déjà signé un programme avec le FMI. L’esprit du sommet de Yaoundé le 23 décembre 2016 est totalement respecté, à savoir conduire les mesures nécessaires pour une sortie de crise maîtrisée, concertée qui ferait de notre CEMAC une CEMAC diversifiée, plus forte, plus intégrée, plus résiliente, qui souffre aujourd’hui de la chute des matières premières dont le pétrole, de l’insécurité. Et cela a été rappelé récemment lors du sommet de N’Djamena.