« Nous voulons faire du secteur du livre un vecteur de croissance »


Pr. Narcisse Mouelle Kombi, Ministre des Arts et de la Culture.

Monsieur le ministre, le Salon international du livre de Yaoundé (SILYA) 2018 ouvre ses portes ce jour. Avant d’y être, pouvez-vous nous dire comment se porte le livre au Cameroun ?

Merci de l’opportunité que vous m’offrez pour faire une lecture panoramique de la situation du Livre au Cameroun, depuis la tenue de la deuxième édition du Salon International du Livre en juin 2016. En fait, depuis deux ans, nous n’avons pas été statiques au Ministère des Arts et de la Culture. Entre 2016 et aujourd’hui, nous avons de manière considérable animé la scène littéraire, tant au plan international que national. Nous avons participé, avec de nombreux professionnels entièrement ou partiellement pris en charge, à de nombreux salons et foires du livre à l’étranger, où nous présentions et promouvions la littérature Camerounaise. Au niveau local, nous avons organisé deux éditions consécutives du Concours littéraire national jeunes auteurs dans les genres de la Nouvelle et de la Poésie, afin de détecter des plumes nouvelles susceptibles de prendre le relais de leurs illustres devanciers.

De même, nous avons organisé en novembre 2017, sous la Très haute impulsion du Président de la République qui en était le Parrain, la conférence régionale de haut niveau sur le Secteur de l’édition en Afrique et son rôle dans l’éducation et la croissance économique. Organisée en synergie avec l’Organisation Mondiale sur la Propriété Intellectuelle (OMPI), cette conférence augure une ère nouvelle pour l’édition à l’échelle continentale. Sans être exhaustif, je pourrais également citer, parmi les réalisations dans le domaine du développement de la lecture publique, les dessertes régulières de la Bibliothèque mobile du MINAC qui offre son fonds documentaire aux populations, partout où le besoin se fait sentir. Au final, vous conviendrez avec moi que le livre se porte relativement bien et entend surfer sur les vagues de l’excellence à l’aube de cette édition du SILYA qui se tient au Musée National du 08 au 13 mai 2018.

Quels sont les enjeux de cette troisième édition, notamment pour le public et l’institution que vous dirigez ?

Pour ce qui est des enjeux, je dirai que la démarche du MINAC consiste à faire du secteur du livre dans ses composantes plurielles (à savoir création, édition, diffusion, distribution, etc.), un véritable vecteur de croissance. D’ailleurs, lors du séminaire de l’OMPI sus-évoqué, cette problématique est longuement revenue, où nous faisions le constat selon lequel sous d’autres cieux, l’industrie du livre est un pourvoyeur d’emplois et producteur d’importantes dividendes pour le PIB. Par conséquent, la même thérapie devrait pouvoir être appliquée pour des pays en voie d’émergence à l’instar du Cameroun.

Aussi, notre démarche se veut fédératrice entre l’Institutionnel et les Professionnels. Il s’agit donc pour le MINAC, dans sa posture d’Institutionnel, d’aménager un cadre propice au plein déploiement et épanouissement des Professionnels, afin que ceux-ci puissent opérer avec efficacité et productivité au bénéfice de nos populations. La présente édition du Salon International du Livre de Yaoundé, au même titre que les précédentes, va servir de boulevard d’opportunités, d’affaires, d’échanges et de partage d’expériences entre tous les acteurs de la chaîne du livre, tant à l’échelle nationale et internationale.

C’est donc une synergie d’actions qui va allier l’Institutionnel (MINAC) aux Professionnels (acteurs du livre) pour que dans une dynamique participative, nous puissions entre autres, lever d’éventuels blocages au véritable essor du livre dans notre pays. C’est ce qui justifie entre autres, le choix du thème de la présente édition : ‘‘Le Livre, outil de consolidation de la Paix et de l’Unité’’.

Parlons précisément de ce thème. Qu’est-ce qui justifie son choix ?

Le choix du thème : ‘‘Le Livre, outil de consolidation de la Paix et de l’Unité’’ obéit à un idéal, celui de consolider la convivialité, le Living-Together pluriel de notre grande nation comme le prône le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA. Vous êtes sans ignorer, qu’actuellement on entend malheureusement quelques sirènes de la discorde tendant à fragiliser notre précieux héritage du Vivre-ensemble. Il est de notre devoir de combattre ces divisionnismes et sécessionnismes avec la dernière énergie. Le Cameroun reste un et indivisible. La légitimité de la nation camerounaise est assise sur sa diversité culturelle. Aussi, le MINAC a-t-il pensé judicieux de placer la présente édition du SILYA sous le signe de la consolidation de notre précieuse unité nationale et la paix, qui sont les meilleurs antidotes contre le repli identitaire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le SILYA est placé une fois de plus sous le Très Haut Parrainage du Chef de l’État qui est le garant de ces idéaux de paix et d’unité, tout comme il reste le très grand protecteur des créateurs des œuvres de l’esprit. Et vous aurez remarqué que le SILYA se tient à l’aube de la célébration par le Cameroun, de la 46ème édition de la Fête de l’Unité Nationale. Tous ces éléments vous l’aurez compris, ont donc concouru à l’adoption de ce thème qui demande l’adhésion de tous les Camerounais.

Quelles seront les principales articulations et quels grands noms y prendront part ?

Comme je l’ai dit, le SILYA se veut un boulevard d’opportunités, un espace de rencontres et des affaires, en même temps qu’il se veut un cadre propice de réflexion sur les politiques publiques à mettre en place au bénéfice des professionnels, dans l’optique de revaloriser l’offre culturelle en général et l’offre de livre et de lecture publique en particulier. L’innovation de cette année réside dans l’Exposition sur les Grandes Figures de la Littérature camerounaise, qui met en exergue nos meilleures plumes. Ensuite et sans être exhaustif, on peut citer des débats, tables-rondes, des hommages mérités que nous allons rendre à certaines de nos grandes plumes nationales, des rencontres professionnelles, des échanges avec les étudiants. L’expérience du Bibliobus sera également mise à contribution.

Enfin, je voudrais signaler le colloque de l’Association Nationale des Poètes et Écrivains du Cameroun (APEC) qui porte sur Les chantiers litteraires du vivre-ensemble camerounais et africain. Tout comme il faut relever la présence des grands noms de la littérature mondiale comme les Camerounais Calixthe Beyala, Eugène Ebodé, Gaston-Paul Effa, Gaston Kelman, Paul Dakeyo, Priscillia Manjoh, Blick Bassy, tout comme les Africains et Européens tels que le Professeur Elikia M’Bokolo, Florent Couao-Zotti, Bessora, James Cohen, etc. Évidemment, les auteurs vivant au Cameroun  seront de la fête comme Patrice Kayo, Tennu Buh, Kum’a Ndumbè, Pabé Mongo, John Nkengasong, etc.

Monsieur le Ministre, quelle sera la suite au sortir du SILYA ? 

Au-delà de sa dimension festive, nous voulons qu’au sortir de cette troisième édition, le Cameroun conforte davantage sa posture de porte-étendard de la Littérature à l’échelle sous régionale. Dans le même sillage, nous voulons que le SILYA soit inscrit dans l’agenda des grands événements de célébration du livre à l’échelle continentale, au même titre que le Caire, Casablanca, Alger, Accra, Lagos, Dakar, etc. La nouvelle ère à laquelle nous aspirons est donc celle qui au lendemain du SILYA, va booster la production littéraire nationale, tant de manière qualitative avec des plumes de plus en plus affinées, que de manière quantitative. Nous souhaitons donc un véritable essor de l’industrie du livre au Cameroun. Autant d’atouts qui pourraient ainsi concourir à conforter le Cameroun notamment dans la candidature de Yaoundé, comme  Capitale du Livre 2020.


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