Mouanko: Jean Yong, le pêcheur autonome


Cet ancien dessinateur de presse s’est refait une nouvelle vie, à travers les palourdes.

Le geste mesuré, il sort de sa barque, fruit d’une opération de pêche. Des fruits de mer, en l’occurrence, récompense que la Sanaga lui a décernée pour son labeur de plusieurs heures. Jean Yong, le ton calme et la barbe fournie, vide sa pirogue par petits tours, au moyen d’un emballage de dame-jeanne. Ses palourdes, dont la couleur vert-clair dénote la fraîcheur, vont aller grossir le nombre de tas visibles sur cette plage de Malimba. Avant de faire gonfler sa cagnotte.

« J’en suis à ma deuxième année, dans cette activité. Avant, j’exerçait dans la restauration, à Akwa-Douala », explique le jeune père de famille, qui arrête d’écoper son embarcation un moment, pour se confier à nous. Il a même fait un peu dans le dessin de presse, toujours dans la capitale économique. Puis Jean Yong a voulu donner d’autres traits à son existence. Redessiner sa trajectoire. Notamment, en cessant d’être un salarié au service de tel ou tel. Et question aventure personnelle, il se jette à l’eau, en tentant la pêche.

« J’ai choisi la pêche à la palourde d’abord,  parce que ici, je suis mon propre patron. Personne ne me donne d’ordres », indique l’ancien restaurateur, un rien de fierté dans la voix. Ce qui peut expliquer qu’il se fixe par exemple une journée de travail, dans l’intervalle 11h-16h… « J’ai deux enfants et une femme, et j’arrive à faire vivre cette famille, grâce à mon activité », poursuit-il. Outre la pêche, Jean Yong est également acheteur. Une double casquette, qui lui permet d’évaluer les gains des deux côtés. Il estime que chaque acteur peut trouver son compte, dans cette activité.

« Qu’on soit acheteur ou vendeur, chacun gagne dans ce secteur. Selon les quantités prises, en un mois, un acheteur qui gère bien, qui est sérieux dans son affaire, peut gagner jusqu’à 300 000 F, voire plus, comme bénéfices », estime notre homme. Pas question donc de se remettre à travailler pour quelqu’un. Le pêcheur-acheteur va continuer à tirer son pain quotidien de l’eau. Cette eau au fond de laquelle, croit-il, les sirènes apportent les palourdes.


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