Médias : Yaoundé accueille la presse francophone


Le thème des travaux, « Journalisme d’émotion, journalisme d’information?», intervient dans un contexte où dans de nombreux pays, une forme de « journalisme citoyen » est apparue avec le développement d’Internet et de la photographie numérique permettant ainsi à des amateurs de diffuser des textes et des images sans passer par le filtre des médias traditionnels. Pour autant, ce type de journalisme ne saurait occulter le journalisme dans sa vocation fondamentale d’informer et de former. Qu’ils exercent dans les entreprises publiques ou privées, les journalistes professionnels savent que leur métier consiste à collecter, vérifier et éventuellement commenter des faits pour les porter à l’attention du public, en respectant la déontologie journalistique. Ils savent aussi qu’ils doivent vérifier leurs sources d’information, qu’ils ne leur appartient pas de verser une rémunération aux personnes qui acceptent de devenir leurs sources d’information et qu’ils ne doivent pas utiliser des méthodes déloyales. La loi N° 90/052 du 19 décembre 1990 sur la communication sociale et le décret d’application du 3 avril 2000 confirment cette perception.

Une telle maturité permet de penser que « l’émotion dans les médias » risque d’être un frein plutôt qu’un atout dans le processus de collecte et de diffusion de l’information. Même si en théorie un journaliste peut être engagé pour une cause, il lui appartient de respecter les faits, viser l’intérêt général et exposer clairement les termes de son parti pris. Car le principe d’objectivité consiste à observer une distance critique entre les faits et l’interprétation de ces faits. Charles Prestwitch Scott exalte cette notion en ces termes : « Les opinions sont libres, les faits sont sacrés. » Enoncé en 1929, ce principe du journaliste britannique, fondateur du Manchester Guardian, a été repris par Edwy Plenel, ancien directeur du quotidien Le Monde et fondateur du site d’information Médiapart.

Autant le caractère sacré des faits éloigne le métier de journaliste de l’émotion et de la manipulation, autant il retrempe dans l’éthique et la déontologie professionnelle. La sacralité des faits constitue également un atout sérieux pour aborder le journalisme d’investigation. Lequel réclame un recoupement long et complexe. Toujours est-il qu’aucune évolution ne devrait être ignorée par la presse. Surtout pas la percée du numérique. Certes, la mise en ligne des journaux a été considérée au Cameroun comme une ruée vers l’or il y a quelques années. Cependant, il y a lieu de reconnaître que les fruits n’ont pas encore tenu la promesse des fleurs. Puisque la plupart des sites créés peinent à être actualisés. Dans le domaine du numérique comme dans les autresqui préoccupent les 48e assises de l’UPF, les participants sont appelés à approfondir leurs réflexions afin que la presse sorte épanouie de ce nouveau rendez-vous. Si tel est le cas, on peut alors affirmer que les assises de Yaoundé constituent un nouveau tournant dans la vie de la presse


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