La psychose du Coronavirus qui enveloppe la planète entière ne semble pas toucher le Marché des arts du spectacle d’Abidjan. Les articulations de cette 11e édition du MASA vont bon train. D’une prestation à une autre, le public répond sans se poser de questions, comme poussé par ce leitmotiv propice au milieu du spectacle : The show must go on ! Sans doute, on le concède, il faut penser à la fête et à ce dispositif colossal mis en branle pour la réussite de cette grande rencontre culturelle. Mais les organisateurs du MASA, avec en tête le Pr. Yacouba Konate, directeur général, sont d’avis que la vigilance doit rester de mise. Des milliers de visiteurs, parmi lesquels des festivaliers issus de pays touchés, convergent vers la capitale ivoirienne depuis la semaine dernière.
Selon les membres de la cellule de communication de l’événement, « le respect, mais surtout l’application des consignes de propreté et d’hygiène constituent une priorité. » Ils révèlent l’existence d’une collaboration étroite avec le ministère ivoirien de la Santé et le SAMU, prêts à intervenir à tout moment, « si le besoin se fait ressentir ». Les mesures prises par l’Etat ivoirien pour maintenir la menace du Coronavirus hors de son territoire national (jusque-là aucun cas n’a été détecté en Côte d’Ivoire) sont observées à la lettre. Ceci depuis l’aéroport international Félix Houphouët Boigny où le personnel de santé a été renforcé aux hôtels en passant par le palais de la Culture de Treichville, centre névralgique des animations du MASA. Une réunion de crise a d’ailleurs été organisée deux jours avant l’événement pour un rappel franc des précautions.
Ici, on fait de son mieux pour suivre les consignes. Les effusions sont nombreuses au MASA, lieu de retrouvailles chaleureuses entre artistes et partenaires. Face à cela, le Pr. Yacouba Konate, qui remercie le gouvernement ivoirien d’avoir eu le courage de maintenir le MASA quand d’autres rassemblements de cette envergure ont été annulés un peu partout, a recommandé aux festivaliers « d’éviter les bises et les poignées de main ». La partie du « Village » réservée à la restauration encourage le lavage des mains au savon et à l’eau coulante. Devant chaque vendeur, un récipient muni d’un robinet permet à chaque visiteur désireux de se sustenter, d’opérer le geste qui sauve. Et tous les commerçants semblent avoir reçu le mot d’ordre sans rechigner.
Le district autonome d’Abidjan a installé un stand, avec pour objectif de sensibiliser contre le sida. Mais l’actualité brûlante conduit ses agents à parler du sujet de l’heure : le Covid-19. Marie Aka, assistante sociale, et employée dans ce district est bien obligée de modifier son discours sur le VIH en conseils pour se prémunir contre le Covid-19. « Nous n’avons pas encore de documents rédigés à cet effet, mais nous expliquons à toutes les personnes qui viennent à notre stand qu’il est très important qu’elles utilisent du désinfectant ou un gel hydro-alcoolique de manière continue. Mais aussi des masques de protection quand elles sentent un état grippal prolongé », explique-t-elle. La prudence n’éloigne pas l’ambition de s’amuser et de communier des artistes qui ont fait le déplacement d’Abidjan, même si ce terrifiant Coronavirus n’est jamais bien loin des pensées.