MASA 2020 : le Jazz en ré majeur


Quand la scène de l’Institut français d’Abidjan reprend ses lumières ce mardi 10 mars, Gino Sitson est déjà prêt à en découdre. Le vocaliste, compositeur et chercheur en musicologie d’origine camerounaise a atterri dans la capitale ivoirienne pour saisir l’occasion de gratifier de son art, le public du Marché des arts du spectacle. Car un MASA Jazz Festival, c’est un inédit, et les virtuoses africains n’ont pas hésité à saisir cette opportunité. Ce jazzman camerounais de renommée internationale, installé aux Etats-Unis depuis quelques années, est venu présenter son septième album, « Body & Voice », dédié aux enfants de la rue du Cameroun et à ceux du monde entier. Les spectateurs ont pu s’immerger dans les profondeurs du talent particulier de Gino Sitson, passé maître dans la capacité d’associer « polyphonies pygmées, poly-rythmies et polytonalités », bref de construire des sons et des mixages grâce aux prouesses de ses cordes vocales. 

Et ce soir du 10 mars, en alliant les sonorités de son Ouest natal à celles d’autres cieux, Gino Sitson a respecté la consigne qui semblait avoir été donnée à tous : un métissage intégral, sans retenue, des couleurs et des cultures. Le MASA Jazz Festival célébrait alors d’un côté les mariages entre piano et oud (instrument à cordes répandu dans divers pays arabes), de l’autre entre violoncelle et kora. « Troublants mélanges », pourraient penser quelques sceptiques, qui après l’écoute du duo Ballaké Sissoko (Mali) et Vincent Segal (France), ont dû rapidement se retrouver dans la catégorie des érudits épris de mélodies venues de galaxies lointaines, où la musique seule a le droit de cité. D’ailleurs on constate avec émerveillement que les frontières n’ont pas leur place dans l’univers jazzy. Tout instrument peut trouver son « frère » en un autre, et s’associer avec intelligence. 

Qui aurait cru que les relations instrumentales pourraient être similaires aux relations humaines, voire plus complices ? Insula, jazzman martiniquais, lui a fait plus qu’y croire. Il s’est jeté en plein dedans. 

Le MASA Jazz Festival offre un trip en première classe vers des créations fraîches et inexplorées, en même temps qu’il met sous les feux des projecteurs, des têtes pensantes bien connues. Les jazz-mélomanes d’Abidjan peuvent se délecter des prouesses de pontes africains comme le batteur ivoirien Paco Sery ou le Guinéen N’Faly Kouyaté, joueur de Kora aux multiples facettes. Des voix telles que l’Américaine Joan Minor sont également de ce cercle sélect, dans lequel sont admis jusqu’à ce soir toutes les personnes friandes de sensations « jazzies ».


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