Non-respect des termes contractuels entre coopératives et agri-business, retrait de certaines banques, etc. Des problèmes posés hier par le PIDMA au cours d’une concertation tripartite.
Le cadre porte bien son nom : plateforme de dialogue/concertation. Autour de la table, le gouvernement, conduit par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER), le secteur privé représenté par des entreprises et banques, et la société civile, notamment les coopératives agricoles engagées dans la chaîne de valeur des filières manioc, maïs et sorgho. Cette plateforme, créée au sein du Projet d’investissement et de développement des marchés agricoles (PIDMA) s’est réunie hier à Yaoundé, pour la deuxième fois. C’était sous la présidence du MINADER, Henri Eyebe Ayissi, qui explique que « ce cadre a été institué pour poser les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre du PIDMA, discuter et suggérer des solutions ». Et des problèmes, il y en a.
Thomas Ngue Bissa, coordonnateur national du PIDMA, souligne la faible capacité des coopératives à mobiliser les fonds de contrepartie. « Cette situation questionne la base de leur constitution et la crédibilité du titre à elles accordée. Une coopérative est un regroupement fort, organisé et professionnel. Mais actuellement, beaucoup ne répondent pas aux exigences liées à leur statut », regrette-t-il. Ensuite, l’on apprend que certaines banques partenaires, notamment Ecobank et Afriland se sont pratiquement retirées du projet. « Il ne reste plus que la SGC et la BICEC. Mais les taux d’intérêt des crédits accordés restent très élevés, en plus des lenteurs dans la mise à disposition de ces crédits », rapporte Thomas Ngue Bissa. Côté agro-business, le coordonnateur regrette le non-respect des termes contractuels. « Certains ont pris des engagements pour acheter des tonnes de maïs à 200 F le kilogramme. Aujourd’hui, comme le prix sur le marché est de 160 F, ils abandonnent les producteurs avec leurs commandes et vont acheter ailleurs », souligne le coordonnateur national.
Des difficultés à signer des contrats avec des instituts de recherche pour faciliter l’accès aux semences améliorées sont évoquées. Mais aussi les lenteurs administratives, qui retardent les marchés de réhabilitation des routes. Des idées de solutions ont été formulées çà et là, dont plus de facilités de la part des pouvoirs publics.
Mais tout n’est pas noir. A date, le PIDMA, lancé en 2015 pour cinq ans, comptabilise déjà 112 coopératives affiliées sur 300 nécessaires. 97 sous-projets productifs sont en cours. Une vingtaine de partenariats d’achat signés. Le manioc, le maïs et le sorgho sont véritablement en train de passer de cultures de subsistance vers des filières commerciales.