L’annonce de l’installation des autorités intérimaires censées rétablir l’autorité de l’Etat au Nord du Mali participe de la nouvelle avancée dans la mise en œuvre de l’accord de paix du 15 juin 2015. On sait que les installations prévues à Gao et Tombouctou cette semaine découlent des accords obtenus la semaine écoulée à Bamako, la capitale malienne lors de la réunion de haut niveau ayant regroupé les représentants du gouvernement malien et les dirigeants des groupes rebelles. On sait également que le redéploiement de l’administration et de l’armée malienne dans la partie septentrionale du pays figure parmi les clauses de l’accord de paix inter-malien.
Il reste cependant que cette disposition n’a pas encore été respectée deux ans après la signature de l’accord de paix. Puisque malgré la signature de cet accord, des groupes islamistes extrémistes ont toujours pignon sur rue. Ils posent des mines, utilisent la guérilla comme modes d’action. Ils échappent au contrôle de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui négocie régulièrement avec le gouvernement malien. Il convient aussi d’intégrer le fait que les Touaregs n’ont jamais été unanimes sur la mise en œuvre de l’accord de paix. S’il existe des Touaregs et des Arabes loyalistes, d’autres se positionnent comme des rebelles. Les premiers se recrutent notamment parmi le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), et au sein de la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR). Les rebelles sont visibles dans les rangs de la CMA, du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Bien qu’ayant des approches divergentes par rapport au gouvernement de Bamako, ces composantes touaregs se battent également pour leurs tribus .Le retour à la paix n’est donc pas acquis. C’est peut-être pour cette raison que l’installation des autorités intérimaires n’est pas encore annoncée à Kidal, Taoudéni et Ménaka. Toujours est-il que l’arrivée des autorités maliennes à Gao et Tombouctou suscite beaucoup d’espoir. Au cas où elle se confirme, elle marquera alors une étape décisive dans la mise en œuvre de l’accord de paix inter-malien.