Lutte contre l’enrichissement illicite: le Mali scrute ses fonctionnaires


Des dizaines de milliers d’agents de l’Etat sont invités à justifier leur patrimoine

Dans le cadre de la lutte contre l’enrichissement illicite, l’Etat malien a lancé depuis hier une opération de transparence visant les agents de l’Etat. Ainsi, les hauts fonctionnaires sont invités à déclarer leurs biens d’ici fin août. Mais ils ne sont pas seuls, des dizaines de milliers d’agents de l’administration doivent également justifier leur patrimoine. Cette opération est menée par de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLCEI). « Le fonctionnaire assujetti qui manque à sa déclaration de biens avant fin août 2017 sera révoqué de ses fonctions et interdit d’exercer pendant cinq ans », selon Moumouni Guindo, président de l’OCLCEI. Ce sera l’une des premières actions menées par cette structure publique créée en 2014  et qui n’a encore jamais fonctionné jusque-là. D’après son président, « il appartient au fonctionnaire malien d’apporter la preuve qu’il a acquis ses biens de manière honnête. Ceux qui vont dissimuler des biens seront surpris, parce que nous avons pris les dispositions nécessaires (…) Des enquêtes pour enrichissement illicite seront déclenchées contre tous les fonctionnaires sur qui pèsent des soupçons ».

Jusque-là, seuls les ministres et certains hauts fonctionnaires étaient tenus de faire une déclaration de leurs biens. La mesure qui s’étend à d’autres catégories d’agents de l’Etat est une réponse aux nombreuses critiques qui émanent depuis de longs mois de la société civile et des ONG. La mauvaise gouvernance et la corruption seraient ainsi l’élément catalyseur de l’insurrection armée de 2012 et qui a conduit le pays dans une situation d’insécurité qui perdure. Désormais, les fonctionnaires « coupables de corruption » risquent d’un à trois ans de prison si le montant détourné est inférieur à 50 millions de FCFA et cinq ans au-delà selon Moumouni Guindo. L’opération de transparence concerne d’un côté plus de 55 000 fonctionnaires civils et militaires, et de l’autre les travailleurs des collectivités territoriales qui sont beaucoup plus nombreux. Par ailleurs il ne suffira pas aux agents de l’Etat de déclarer leurs biens. Les agents de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite vont mener des investigations pour savoir si ces biens ont été légalement acquis.


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