Une marche de sensibilisation organisée samedi dernier dans les artères de Yaoundé.
C’est l’histoire de Léandre, réfugié rwandais qui a participé, à côté de plusieurs diplomates et de nombreux anonymes, à la marche contre l’apatridie, samedi 11 novembre dernier au Boulevard du 20 mai à Yaoundé. « Apatridie », un mot de neuf lettres pour qualifier simplement une personne qu’aucun Etat ne reconnaît. Et c’est le cas de Léandre, arrivé au Cameroun au milieu des années 1990 à la suite des événements tragiques dans son Rwanda natal. Il est réfugié « et continue à bénéficier de ce statut parce que la clause de cessation pour les réfugiés rwandais au Cameroun ne le concerne pas. Son père a été jugé et disculpé par le tribunal spécial d’Arusha et sa famille bénéficie de la carte de réfugié délivrée par le Haut-commissariat des Nations-unies aux réfugiés parce qu’il est un ancien militaire de haut rang », explique un de ses proches à CT.
Le problème est que Léandre a fini ses études supérieures et a créé son entreprise comme les lois camerounaises le lui permettent. Mais il se rend compte que sa carte de réfugié devient un handicap pour ses multiples déplacements et ses affaires. Alors, il sollicite la naturalisation, mais, à la police on lui exige un titre de séjour. La carte de séjour, il ne peut pas l’obtenir sans passeport rwandais. Et il ne peut pas non plus mettre les pieds au Rwanda. Il n’est maintenant ni Rwandais ni Camerounais. Léandre a donc profité de la marche contre l’apatridie pour exposer son cas.
Et le représentant du HCR que CT a rencontré après ladite marche reconnaît que plusieurs cas d’apatridie existent au Cameroun. « Nous ne pouvons pas donner un chiffre pour la simple raison qu’ils ne sont pas recensés. Mais nous savons effectivement qu’il y a des pratiques qui existent et qui créent des conditions d’apatridie », reconnaît Lazare-Etien Kouassi. Pour le moment, le HCR profite de l’organisation de cette campagne lancée sur dix ans depuis le 4 novembre 2014, pour sensibiliser les gouvernements afin de réduire l’ampleur de ce phénomène.