L’information a pris tout le monde de court. Par son timing et son contenu. A part quelques privilégiés qui pouvaient être dans le secret bien gardé, personne en réalité n’a vu venir aussi soudainement Antonio « Toni » Conceiçao Da Silva Oliveira au poste d’entraîneur-sélectionneur de l’équipe nationale du Cameroun. C’est sur des spéculations plus ou moins vaines sur l’identité du futur coach des Lions que la plupart des journaux ont bouclé avant le dernier week-end, en promettant de revenir plus tard sur un sujet apparemment très accrocheur. Plusieurs noms avaient même circulé ces derniers temps, alimentant toutes sortes de rumeurs. Certains allant jusqu’à dévoiler un semblant de « short list » d’où serait extrait l’oiseau rare. Avec le recul, on dirait que les « biscuits » lancés ici et là ne servaient qu’à brouiller les pistes pour mieux surprendre par la suite. L’annonce vendredi dernier par le ministère des Sports et de l’Éducation physique de la nomination du technicien portugais est donc venue ramener tout le monde à la dure réalité des faits. Et les amateurs de scoop n’y ont vu que du feu ! La nouvelle donne vient mettre un terme aux nombreuses supputations qui s’étaient fait jour depuis le limogeage du Néerlandais Clarence Seedorf aux lendemains de la CAN Egypte 2019 où les champions d’Afrique en titre avaient été éliminés dès le stade des huitièmes de finale par le Nigeria. Depuis lors, les Lions étaient à la recherche d’un dompteur à la hauteur de leur réputation. L’impatience aidant, l’attente semblait une éternité, au regard du calendrier du football international et des échéances programmées. On ne s’attardera pas outre mesure sur l’itinéraire professionnel ou les états de service du nouveau sélectionneur et de ses adjoints. Son visage étant désormais connu, un autre débat, tout aussi intéressant, s’ouvre sur les missions qui l’attendent et les principaux défis auxquels il doit faire face, à plus ou moins brève échéance.
En attendant la signature formelle du contrat et les objectifs qui lui seront assignés, on peut d’ores et déjà constater que cette nomination intervient dans un contexte assez particulier. le CHAN 2020 arrive à grands pas et va servir de répétition générale à la Coupe d’Afrique des nations de 2021 prévue dans à peine vingt mois. Autant dire que les chantiers à ouvrir (ou à parachever) sont nombreux et exigent une mobilisation de tous les instants. Il faut tout d’abord remettre sur pied l’équipe nationale fanion quelque peu en hibernation depuis la dernière CAN. Les journées Fifa constituent une merveilleuse opportunité à travers les matchs amicaux. Après avoir raté le rendez-vous du mois d’août, l’équipe du Cameroun gagnerait à répondre présent à celui d’octobre prochain, si la rencontre amicale annoncée contre la Tunisie venait à se confirmer. On attend avec impatience la première liste des joueurs convoqués par Toni Conceiçao qui renseignera davantage sur ses choix, sa vision et ses orientations. Tout en apportant sa touche personnelle, il ne devra pas perdre de vue qu’une sélection nationale est une construction permanente. Elle ne saurait donc se confondre à un bouleversement total ou à un éternel recommencement. Le coach vient certainement avec ses certitudes, ses méthodes et « ses » hommes, mais il n’y a pas eu que du mauvais dans le groupe dont il hérite. En plus du remodelage de l’équipe sur la base des critères objectifs, le nouveau staff technique est attendu sur d’autres dossiers urgents comme celui du fond et de la philosophie de jeu des Lions qui n’ont pas su asseoir jusqu’ici un style clairement identifiable. Il faudra aussi restaurer la discipline et parfaire la cohésion d’ensemble. Le maçon étant au pied du mur, on peut s’attendre logiquement au retour de ce « fighting spirit » qui semble avoir déserté la tanière depuis belle lurette.