Laurent Serge Etoundi Ngoa, ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Artisanat et de l’Economie sociale.
Monsieur le ministre, le président de la République a, dans son discours à la nation le 31 décembre dernier, indiqué qu’une attention particulière sera accordée à la situation des PME. Quelle appréciation faites-vous de l’intérêt porté à ce secteur ?
Je voudrais dire que le chef de l’Etat connait le contexte de l’économie mondiale et plus particulièrement celui de la sous-région dans laquelle notre pays le Cameroun appartient. Il sait également qu’aucune économie aujourd’hui ne se fait sans l’apport des PME qui sont des structures importantes à double titre. Premier titre, elles créent suffisamment de l’emploi, deuxième titre, elles créent des richesses et ont la facilité de s’adapter par une grande flexibilité aux chocs économiques. Plus que jamais aujourd’hui, notre pays qui a connu des crises successives liées à la conjoncture économique mondiale, parfois régionale ou sous-régionale est en avant-garde des politiques qui sont aujourd’hui menées sur le continent sur la PME. A cet effet, au vu des difficultés que la sous-région connait et qui ont permis au chef de l’Etat de convoquer ici même à Yaoundé, une conférence des chefs de l’Etat de la zone Cemac, le président de la République a voulu porter une attention particulière au secteur de la PME qui en souffre par une dette liée au fait que les payements n’étaient pas suffisamment suivi à cause des difficultés de trésorerie que l’Etat avait. Il a donc, au vu de ces diagnostics établis, ordonné que cette dette connaisse un payement conséquent. Deuxièmement, et ça c’est la mesure forte, il a demandé à ce que l’accès des PME, PMI au crédit soit facilité. Je pense que c’est l’appréciation que nous pouvons faire de manière globale de l’allocution du chef de l’Etat en ce qui concerne notre secteur.
Justement concernant le remboursement de cette dette due aux PME, peuton avoir une idée des modalités de résolutions de cette question ?
En ce qui concerne les modalités de payement de la dette, le ministère des Finances qui est le ministère technique en charge des problèmes économiques à caractères financiers de l’Etat va mettre sur pied, ces modalités qui permettront à tous les opérateurs du secteur de la PME qui sont concernés par cette dette de pouvoir rentrer dans leurs droits. Mais ça ne va pas se faire sur un coup de baguette magique. Il faudra bien qu’un calendrier soit établi par le ministère des Finances en fonction des disponibilités de la caisse et que ces payements soient progressivement apurés.
Du reste l’un des problèmes auxquels font face les PME camerounaises est celui du financement. Comment au niveau de votre département ministériel comptez-vous faire pour gérer ces difficultés?
Le financement des PME est lié par deux composantes. Il y a une composante technique qui montre l’aptitude d’une PME à faire un travail et à bien le faire, un travail qui peut être rémunéré. A cet effet, la PME peut donc aller vers une institution financière et demander un crédit qui va être remboursé, parce que cette PME est déjà à même de faire un travail qui est accepté sur le plan technique. Le deuxième aspect de l’accès au financement est également la disponibilité des institutions financières à accompagner le secteur de la PME. Ce n’est pas parce qu’une PME est compétitive qu’elle aura tout de suite un financement. Il y a le type d’activité que mène la PME. A cet effet, je peux dire qu’un ensemble de mesures est aujourd’hui en application pour que ce problème soit résolu, d’abord par le dialogue entre le secteur privé et le secteur public qui parlent et discutent de ce financement à travers le Cameroon Business Forum. En plus, il y a aujourd’hui, la disponibilité du secteur financier qui, connaissant les difficultés inhérentes du milieu économiques, met en place des opérations particulières pour permettre aux PME d’accéder au crédit. C’est cette synergie d’actions entre le secteur public et le secteur privé, associé globalement au secteur financier qui peut permettre à ce que les PME accèdent au crédit. Mais, il faut dire que ce n’est pas une parole d’évangile, il importe que les promoteurs de PME et les PME en général puissent être disponibles d’aller vers le changement en ce qui concerne l’aspect technique et technologique. Il faut qu’elles aillent vers les institutions chargées de les encadrer. Notamment la Banque des PME, le Bureau de mise à niveau, les Centres de gestion agrées et bien d’autres permettent aux PME naissantes, les start-up ou celles qui opèrent déjà de pouvoir améliorer leur compétitivité.
Le chef de l’Etat a insisté sur l’amélioration de l’accès au crédit bancaire. Concrètement que comptez- vous faire? Quand on sait que la banque des PME rechigne à financer certaines entreprises, notamment celles qui font dans la commande publique, du fait des délais de remboursement incertains ?
La banque des PME ne rechigne pas à accorder des crédits, si elle a de l’argent et celles qui viennent chercher du financement auprès de cette institution financière remplissent toutes les conditions, elle va leur donner le crédit. Mais il se passe que beaucoup d’entreprises se présentent à la banque des PME pour avoir facilement accès au crédit or, facilement ne veut pas dire que vous êtes exempté de présenter les garanties qu’on vous demande sur le plan technique. Notamment vos capacités, votre pedigree de réalisations et aussi des capacités de payement. Il faut dire également qu’il y a un problème d’écosystème économique qui se pose à la banque des PME. Au Cameroun, l’écosystème économique de ceux qui viennent demander le crédit montre qu’il y a un gondolement de demandes issues des PME de type établissement et qui Font de la prestation de service. Ce type d’entreprise a une activité très fortement corrélée au trésor public. Une fois que l’Etat a quelques petits soucis, certaines n’ont plus de quoi assurer leur remboursement. Elles attendent qu’on paye leurs factures.