« Les moyens utilisés pour produire le cannabis peuvent être investis dans d’autres cultures »


Martin Massoda, chef de l’antenne régionale de l’Agence du Service civique national de Participation au Développement

Vous êtes régulièrement au contact de la jeunesse. Comment évaluez-vous l’impact de la consommation de la drogue sur elle ?

L’impact est très important, très grave même. On a constaté qu’il y a des jeunes qui sont entraînés par d’autres. Malheureusement, ils ne sont même pas au courant de ces ravages-là. Nous menons une sensibilisation, au niveau de l’éducation civique, auprès de ces jeunes, et pensons que cette sensibilisation doit être intensifiée. Beaucoup préfèrent croire à leurs camarades que de croire aux adultes que nous sommes. Avec les réseaux sociaux que nous avons maintenant, ils sont influencés. Généralement, beaucoup commencent par essayer, par curiosité, parce qu’ils ont vu des camarades en possession de drogues, notamment le Tramol qui circule un peu partout aujourd’hui. Mais nous leur expliquons que les dégâts de la drogue se ressentent généralement à moyen et à long termes.

Que faire pour qu’ils arrêtent d’écouter leurs camarades et vous écoutent, vous ?

Nous procédons le plus souvent par la projection de certains films. Parce que lorsqu’ils voient de leurs yeux les ravages causés dans l’organisme par ces drogues-là, il y en a qui réfléchissent désormais par deux fois avant de sauter le pas. Ces opérations, nous les menons dans nos centres de formation des appelés, que nous avons généralement pendant les vacances, pour les jeunes de 17 à 21 ans. Nous les formons pour qu’ils aillent dans leurs établissements devenir des pairs éducateurs. Il y a deux ans, nous avons bénéficié de la participation du Comité national de lutte contre la drogue. Les jeunes ont été réceptifs, et sensibles aux images qui leur ont été montrées à l’occasion.

Il semble que l’appât du gain soit très fort aussi…

Sur ce plan justement, nous disons aussi aux jeunes que les moyens mis en jeu pour cultiver le cannabis peuvent être investis dans la culture du gombo, du maïs, etc., et permettre de gagner sa vie de manière confortable et surtout légale. Et qu’il vaut mieux choisir cette voie, que de risquer de se retrouver demain en prison et compromettre son avenir.

Quels sont les produits psychotropes qui causent le plus de souci à Douala ?

Je vous ai parlé tantôt du Tramol. Dans la ville de Douala, nous sommes confrontés à la consommation excessive du Tramol. Et selon nos informations, ce produit vient des pays voisins, et est introduit sur le marché local par des opérateurs véreux, qui profitent de la naïveté de ces enfants pour leur faire consommer ce poison. En réalité, les jeunes ne sont que des victimes, qui se trouvent au bout de la chaîne. Les forces de l’ordre doivent continuer de veiller au grain, mais il faut aussi que la population soit mise à contribution pour éradiquer ce fléau. Sinon, d’ici cinq ans, on aura une jeunesse très affectée par ces drogues, et complètement incapable de travailler .


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