L’enjeu de la diversification économique


Malgré ses nombreuses richesses naturelles (pétrole, gaz, mines solides, produits forestiers et agricoles), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) est restée en queue de peloton de l’Indice de développement humain des Nations. Car les économies de cet espace géographique présentent des faiblesses structurelles qui freinent leur décollage. Elles reposent sur un nombre limité de matières premières, une intégration peu avancée et une faible compétitivité. Même l’économie camerounaise présentée comme la plus diversifiée de la communauté n’échappe point à cette règle, avec un espace de production réduit essentiellement aux matières premières destinées presqu’en totalité à l’exportation des produits de l’agriculture vivrière réservés principalement à la consommation locale, et quelques produits manufacturés fabriqués par une industrie locale embryonnaire. Le reste des produits qu’on y retrouve, en particulier les biens manufacturés et d’équipements, les produits à haute intensité technologique, sont importés. Quand, dans ces conditions, les « bonnes » performances économiques sont tirées par les exportations des matières premières, la croissance n’entraîne guère une amélioration significative des conditions de vie des populations. Bien plus, les économies concernées sont fragiles et vulnérables face aux chocs exogènes, car trop soumises aux fluctuations des prix et aux aléas des marchés des matières premières. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé à partir de 2014 avec la baisse des cours des matières premières et particulièrement du pétrole brut. Une situation qui a plongé la CEMAC dans la crise dont elle se relève à peine aujourd’hui.                                                                                                                                           Compte tenu de ce qui précède, la vision de « faire de la CEMAC en 2025 un espace économique intégré et émergent…, au service du développement humain », aura du mal à se concrétiser. Pour atteindre ce niveau avancé de développement, la sous-région doit  rapidement entamer une mutation profonde, pour passer  d’une économie presque non diversifiée à faible valeur ajoutée, à une économie diversifiée à forte valeur ajoutée. D’où la pertinence du vœu exprimé par le chef de l’Etat Paul Biya, président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat de la CEMAC, dans son discours adressé à ses pairs et aux peuples de la sous-région à l’occasion de la 11e édition de la journée de la communauté célébrée le 16 mars 2020. Après avoir affirmé que la densification du tissu infrastructurel sous-régional constituera un levier efficace « pour la diversification de nos économies », Paul Biya soutient que « le développement des filières de croissance qui conditionne l’accès à l’émergence desdites économies en est tributaire ». Il s’agit donc clairement d’un appel au changement du paradigme économique actuel qui a montré ses limites. En d’autres termes, il faut recentrer notre modèle de croissance plutôt sur la diversification des bases productives et l’industrialisation.                                                                                                                                     A ce niveau, la transformation du secteur productif peut être portée par deux vecteurs, selon les propositions faites par le Centre d’analyse et de recherche sur les politiques économiques et sociales du Cameroun. A savoir, d’une part, une diversification horizontale de la production par l’optimisation des marges existantes sur les produits traditionnels et l’élargissement de la gamme des produits exportés pour améliorer l’offre. Et, d’autre part, une diversification verticale qui va assurer le passage du secteur primaire au secteur secondaire. Le principe est de transformer localement nos ressources naturelles, et après une première, une deuxième voire une troisième transformation en produits semi-finis et finis à forte valeur ajoutée, les exporter vers les marchés mondiaux. Les avantages en termes de création de richesses et d’emplois de qualité sont reconnus et éloquents pour tous et ont déjà fait l’objet de plusieurs démonstrations validées. Ce faisant, la croissance sera plus forte, plus durable et plus inclusive en zone CEMAC. Mécaniquement, le chômage et la pauvreté vont reculer. Les conditions et les niveaux de vie des populations vont s’améliorer. Le bien-être sera une réalité.


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