Hans-Peter Schadek: Ambassadeur chef de la délégation de l’Union européenne au Cameroun.
M. l’ambassadeur, que retenir de votre visite dans l’Extrême-Nord?
C’était utile de venir pour montrer notre engagement vis-à-vis de cette région du Cameroun, notre intérêt dans les différents thèmes et voir quelles contributions nous pouvons apporter pour la gestion d’un certain nombre de questions pour contribuer à son développement. Sur le plan sécuritaire, nous sommes heureux de pouvoir participer au fonctionnement de la force multinationale mixte basée à N’Djamena, mais qui intervient à partir de Mora. C’était intéressant pour nous d’être briefés par les autorités sur leur action. Nous avons visité la police des frontières, le corps national des sapeurs-pompiers où l’on a constaté qu’il y a beaucoup de choses très pratiques qui sont mises en œuvre et sont susceptibles de produire des résultats. Nous avons vu des équipements pour produire de l’eau potable en cas de difficultés d’accès à cette denrée. En termes de protection civile, nous avons contemplé des équipements d’intervention en cas d’accidents routiers notamment pour ce qui est de l’évacuation des victimes vers les hôpitaux. Côté police des frontières, des postes ont été réhabilités avec l’appui de l’Union européenne, certains équipements ont été fournis et des formations octroyés. Le volet humanitaire m’a le plus impressionné, notamment avec le camp des réfugiés de Minawao. C’est toute une prouesse organisationnelle de faire fonctionner tout un camp où logent près de de 60 000 réfugiés. Le Haut-commissariat aux réfugiés que nous appuyons y fait un travail très appréciable. Il faut aussi noter l’hospitalité des populations autochtones qui ont réservé un accueil chaleureux aux réfugiés plus nombreux qu’eux.
Que pouvez-vous dire de la situation qui prévaut actuellement?
Le groupe terroriste Boko Haram a changé de tactique. Il procède actuellement aux attaques suicides extrêmement difficiles à prévenir. En ce qui concerne le contrôle du territoire, il y a tout de même eu de grands progrès. Le programme relatif à la restauration d’un climat de confiance entre le pouvoir local et les administrés que nous avons mis sur pied se poursuit. Nous sommes à une phase où beaucoup de formations ont été dispensées, beaucoup d’équipements tels que les ambulances ont été fournis. Il y a un excellent potentiel pour renforcer cette confiance.
Avez-vous identifié les futurs secteurs d’intervention de l’Union européenne dans la région ?
Nous ne sommes pas seuls pour les définir. Nous fonctionnons à travers plusieurs mécanismes, notamment le Fonds européen de développement (Fed) mis en œuvre avec la responsabilité de l’autorité nationale en l’occurrence l’ordonnateur national. Par ailleurs, tout ce qui est humanitaire émane des propositions de notre service humanitaire. Il y a beaucoup d’appels à propositions de la part des acteurs de la société civile qui interviennent sur des sujets importants. Cependant, la création d’emploi pour les jeunes et de l’éducation ressortent de nos différents échanges avec les acteurs locaux. Ce sont des domaines que nous allons regarder de très près.