« La fraude commence à la phase de négociation »


Alfred Enoh, Chef de Projet d’amélioration de la surveillance de l’industrie extractive en Afrique francophone subsaharienne.

Quelle est l’ampleur de la fraude et de la corruption dans le secteur minier en Afrique francophone et au Cameroun en particulier ?

En Afrique francophone et au Cameroun en particulier, c’est énorme. Le ministre a parlé du rapport Mbeki sur les flux financiers illicites. Actuellement, c’est 80 milliards de dollars par an qui sortent de l’Afrique de façon illicite. Plus de la moitié provient de l’activité minière.

Pouvez-vous nous décrire quelques visages de la fraude et de la corruption ?

La fraude se trouve dans toute la chaîne de valeurs minières. Elle commence par la phase de négociation, la signature des contrats, le droit de permis, la perception de redevance, etc. La fraude est variée. Certains contrats sont par exemple signés avec de grandes sociétés minières qui ne prennent pas en compte l’intérêt national. Il y a aussi des contrats qui donnent des avantages fiscaux qui ne sont pas nécessaires. On a constaté un accroissement des activités minières les dix dernières années, mais les ressources financières qui rentrent dans les caisses n’ont pas suivi.

Comment assurer dès lors une gestion efficace des ressources minières?

C’est l’objectif du projet Pasie. Parce qu’on a constaté qu’il y a eu ce flux, mais les structures étatiques qui sont chargées de surveiller le secteur, d’assurer la bonne gouvernance et la transparence, n’avaient pas les compétences nécessaires pour le faire. C’est pourquoi ce projet a été conçu pour bâtir ces compétences aussi bien des instances supérieures chargées de contrôler, mais également, nous allons travailler avec les agences gouvernementales, notamment les ministères, qui œuvrent dans la gestion et la surveillance générale du secteur.

Commenta assurer une meilleure prise en compte des populations ?

C’est aussi un de nos objectifs. Quand on observe la chaîne de valeurs minières, un maillon concerne le contenu local. Notre objectif est de donner au gouvernement et aux ONG les bonnes pratiques dans ce domaine de sorte que la population soit mieux informée par les médias et que le gouvernement tienne compte de l’intérêt public.


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