Il ne s’agit pas d’échos trompeurs, au soir du 30 août, juste après la décision du Chef de l’Etat ordonnant l’arrêt des poursuites pendantes devant le Tribunal militaire de Yaoundé, contre certaines personnes interpelées suite aux violences survenues dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest : les villages de Nwa ont bel et bien jubilé, avec roulements de tambours et trémoussements en ronds. Entre ces expressions de joie saluant la grâce présidentielle, un lien de parenté : la satisfaction de voir la décrispation s’installer, écartant ainsi toutes les menaces qui pesaient sur le démarrage effectif de l’année scolaire. Sûrs de l’humanisme de Paul Biya et de ses convictions de chrétien catholique prompt à pardonner, ces populations attendaient une telle mesure de clémence autour de la dernière fête de la Nativité. En vain. Voyant se profiler ensuite à l’horizon la commémoration de la résurrection de Jésus-Christ, dont la mère, Marie, est la marraine du Cameroun, les uns et les autres se mirent à attendre, avec espoir. Rien. Comme la chouette de Minerve, toujours sourde aux pressions de l’entourage voulant l’obliger à s’envoler à l’heure qui ne l’arrange pas, le Président de la République a décidé, à un moment lui paraissant opportun : la veille de la reprise des classes.
Aux populations de Nwa qu’elle laisse agréablement surprises, la chouette s’envolant adresse, assurément, un message fort : tout mettre en œuvre, pour briser les velléités de cette race de citoyens ennemis de la paix et du progrès. Une race condamnable, au sein de laquelle s’activent des chantres de la division et des criminels de tout acabit. De mauvais sujets qui, sous le couvert de revendications politiques, se valorisent cyniquement, en prenant en otage l’avenir de la jeunesse. Il faut donc attacher le grelot. Car, après les perturbations portant leur signature durant l’année scolaire écoulée, ces hommes sans foi ni loi peuvent encore revendiquer d’autres actions blâmables, de même nature.
Heureusement, à Nwa, les populations se situent toujours du bon côté de l’histoire, en s’opposant à tous les égarés hostiles à l’accomplissement de l’un des devoirs sacrés de l’Etat : l’éducation des enfants. En plus, une attitude, rassure, aux quatre coins de cet arrondissement : l’implication des élites dans la scolarisation de leurs cadets. A travers l’offre de bourses d’études, la fourniture des livres, le paiement régulier des frais exigés aux candidats des examens officiels et la prise en charge des salaires de nombreux enseignants vacataires, ces élites démontrent, chaque jour, leur engagement à accompagner l’Etat. Un appui soutenant, sans marchandage, l’accomplissement de l’un de ses devoirs sacrés : l’éducation des enfants, fer de lance de la nation. Mais les pouvoirs publics demandent davantage d’efforts. Surtout au niveau de la sensibilisation. Une sensibilisation de proximité, assise sur le vivre-ensemble et prêchant dialogue, patriotisme, tolérance, unité et respect du bien public. Dans un pays qui se veut indivisible.
Ce n’est pas forcer la dose que d’ajouter à ces causeries à mener au sein des familles et des communautés, une note d’humour. Par exemple : enfoncer dans la tête des parents que derrière l’acte magnanime du 30 août, ne se cache, nullement, un Paul Biya faible et mou. Yes, he is not a weak Leader !