Il faut arrêter la saignée


L’argent joue dans une économie le même rôle que le sang dans le corps humain. Quand les ressources financières en viennent à manquer ou à circuler en quantité insuffisante, la machine économique court le risque d’être grippée. En tout cas,  le potentiel de croissance a du mal à se libérer, reléguant ainsi aux calendes grecques la réalisation des promesses de décollage économique. C’est malheureusement la triste réalité à laquelle l’Afrique est confrontée. Déjà engluée dans divers problèmes quotidiens du sous-développement, le continent noir perd en plus, chaque année, selon différentes sources (CEA, BAD), entre 50 et 60 milliards de dollars US à cause des flux financiers illicites qu’alimentent principalement l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent.  En monnaie locale, les chiffres donnent le vertige : plus de 29 000 milliards de F en hypothèse basse. Bien plus, sur ces 50 dernières années, l’Afrique a perdu plus de  1700 milliards de dollars US pour les mêmes raisons. Cette somme est l’équivalent de l’aide publique au développement depuis un demi-siècle. Une manne financière colossale qui aurait pu être affectée à la facilitation de l’accès au financement et au capital pour soutenir la croissance et le développement économique du continent.

 Le Cameroun, locomotive de la CEMAC,  n’est pas épargné par ce fléau. Car d’après les statistiques officielles, le pays a perdu, de 2003 à 2013, pas moins de 7 milliards de dollars US, environ 4 1 milliards de F, c’est-à-dire un montant se rapprochant du budget de l’Etat pour l’exercice 2017.  Il n’en fallait pas plus pour déchaîner la colère des Etats et multiplier les conférences internationales pour tordre le cou à cette pratique qui ruine les économies et freine considérablement le développement. C’est dans ce registre qu’il faut inscrire la conférence que Yaoundé a abritée du 24 au 26 mai derniers, sur le thème : « Combattre les flux financiers illicites : une approche africaine face à un phénomène global ».

A l’analyse, l’accélération de la lutte contre les flux financiers illicites est une urgence pour permettre la transformation économique du continent. C’est pourquoi les membres du Réseau bonne gouvernance financière en Afrique présents à la conférence de Yaoundé, ainsi que les acteurs impliqués dans la lutte contre les flux financiers illicites, ont recommandé, entre autres, qu’un cadre de partage des connaissances et des expériences dans ce domaine soit mis en place pour permettre aux pays africains de bénéficier de l’expertise des autres pays dans la lutte contre ce dangereux phénomène. Au moment où le continent peine de plus à plus à financer son développement, il faut arrêter la saignée. L’avenir de l’Afrique en dépend.


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