Actuellement, la situation politique est chaotique en Guinée Bissau avec deux Premiers ministres et deux gouvernements. Le 28 octobre dernier, le président de la République José Mario Vaz a nommé Faustino Fudut Imbali Premier ministre, en remplacement de Aristide Gomes, soupçonné d’entretenir « une grave crise politique qui empêche le fonctionnement normal des institutions ». Ce dernier ne s’est pas laissé faire. Il a qualifié son limogeage de « nul et non avenu », conforté dans sa position par les institutions sous régionale et onusienne qui jugent « illégal » le décret de José Mario Vaz et qui encouragent la tenue de l’élection présidentielle à date : c’està- dire le 24 novembre prochain. Doit-on le rappeler, le mandat du chef d’Etat sortant a expiré depuis le 23 juin. Dans un arrangement validé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il devait être maintenu au pouvoir jusqu’à la prochaine élection, mais avec des pouvoirs limités. Du fait de cette situation, la Cedeao a dépêché une délégation à Bissau, la capitale. La mission est arrivée dimanche dernier et a entrepris une série de rencontres avec les acteurs politiques, y compris le chef de l’Etat, avant de décider de la convocation d’un sommet extraordinaire à Niamey (Niger) sur la situation du pays. L’annonce a été faite dimanche soir par Kalla Ankourao, ministre nigérien des Affaires étrangères, chef de la délégation de la Cedeao. Ce dernier a par ailleurs réaffirmé le soutien de l’institution sous-régionale au gouvernement d’Aristide Gomes, démis par le chef de l’Etat.
Selon des sources crédibles, au terme de l’entretien avec le président José Mario Vaz, le chef de la délégation de la Cedeao a indiqué ce qui suit : « Le chef de l’Etat nous a donné les raisons pour lesquelles il a eu cette réaction, qui tient surtout à des rapports internes entre les deux (Gomes et lui, ndlr). Nous lui avons fait comprendre que la légalité doit prévaloir. Il y a un sommet le 8 novembre. José Mario Vaz sera à Niamey. Les chefs d’Etat lui donneront la primeur de leur décision finale ». Jeudi 31 octobredéjà, Vaz dénonçait « une tutelle internationale », avant de réaffirmer à ses militants lors d’un meeting, que son décret nommant le Premier ministre était « irréversible ». Il était en campagne à l’Est du pays, en prélude à l’élection présidentielle qui enregistre 12 candidats. Une campagne présidentielle ouverte ce week-end sur fond de menaces et de défiance. Devant ces signaux qui présagent un climat politique incertain et dans une approche d’apaisement, les chefs religieux, (dignitaires du christianisme et de l’islam) ont adressé un message commun au peuple, l’invitant à «réfléchir avant d’agir».