La persistance des attentats-suicides montre que l’ennemi bien qu’affaibli est loin d’être vaincu. Sa résilience impose une remobilisation de tous les instants.
La vigoureuse riposte de l’armée camerounaise appuyée par les troupes de la Force multinationale mixte (Fmm) et les comités de vigilance, a considérablement réduit les capacités opérationnelles de la secte terroriste Boko Haram. Acculée dans ses derniers retranchements sur le territoire nigérian, la nébuleuse s’est vue contrainte d’abandonner les attaques frontales pour des opérations lâches et asymétriques telles les attentats-suicides. Après des mois de relative accalmie, les djihadistes multiplient depuis plusieurs semaines les attaques barbares dans certaines localités de la région de l’Extrême-Nord.
La période allant de mai à août 2017 a été particulièrement meurtrière. La dernière barbarie en date est celle survenue le week-end dernier dans la localité d’Ouro-Kessoum, arrondissement de Kolofata. Une double explosion y a fait 8 morts et 4 blessés graves. Les victimes sont toutes des jeunes, dont l’âge varie entre 7 et 13 ans. Des morts de plus et de trop qui ont provoqué le courroux du maire de la commune de Kolofata. Dans une sorte de réplique adressée à Amnesty International, très prompte à « documenter » les prétendues « bavures » de l’armée camerounaise, Seyni Boukar Lamine informe l’Ong que « dans son ignoble tâche, le kamikaze a également péri au cours de cette attaque ». On comprend la fureur du maire d’autant que sa ville semble être la cible privilégiée des terroristes de la secte Boko Haram. Cette unité administrative située non loin de la frontière nigériane paie le plus lourd tribut des exactions de la nébuleuse.. De nombreux attentats meurtriés dans différente localités de l’Extrême-Nord depuis le début de l’année en cours
Mais la grande inquiétude est nourrie par la banalisation qui a tendance à s’installer autour de ce conflit et de ses conséquences. L’actualité autour de cette guerre a quitté la Une des journaux pour un traitement a minima. Pourtant au plus fort des affrontements en 2015, les citoyens de différentes classes sociales, à travers les dix régions, avaient manifesté spontanément un soutien inédit aux forces de défense et de sécurité qui se battent au front, et aux compatriotes victimes des actes barbares. Ce soutien s’était également matérialisé par la création, dans les localités frontalières, de comités de vigilance qui veillent de jour comme de nuit. «L’effort de guerre» alimenté par les Camerounais tant de l’intérieur que de l’extérieur, les États étrangers et les organisations humanitaires nationales et internationales à travers des contributions en nature et en espèces, était une preuve palpable de ce soutien patriotique. A Yaoundé et dans certaines villes du Cameroun, des marches patriotiques rassemblant des dizaines de milliers de personnes avaient été spontanément organisées contre Boko Haram. Dans les églises et les mosquées, catholiques, protestants et musulmans, avaient multiplié des séances de prière et des cultes interreligieux pour implorer la protection divine. Il est bon que cette mobilisation tous azimuts reste vivante au jourd’hui.