Rendu à sa dernière décade, le mois de Ramadan tire à sa fin, et les préparatifs pour célébrer avec faste cette période sacrée s’intensifient. Même s’il diffère d’un endroit à l’autre, on met cependant les bouchées doubles pour que ce jour solennel qui marque la fin de 29 ou 30 jours de privation soit un moment de réjouissance réussi. Hier, dans les familles musulmanes et autres commerces du quartier Briqueterie de Yaoundé, les emplettes de toutes sortes se multiplient : vêtements, gadgets, gastronomie, rien ou presque n’est négligé. Vue l’affluence, boutiques et ateliers de couture connaissaient une effervescence peu ordinaire. « Comme c’est la fin du mois, nous profitons pour faire le marché de la fête. Nous sommes venus acheter les pagnes et comptons les déposer chez le couturier pour qu’il les couse à temps », relate confie Hadidja Amal, mère de famille.
Pourtant, Idriss Adam, couturier, souligne le caractère un peu terne de ces préparatifs, comparativement aux années antérieures : « Ce n’est pas la grande affluence. Avant, à pareil moment, on travaillait de nuit comme de jour. On cousait au moins dix gandouras par semaine », déplore-t-il. L’intensité des négociations entre ce dernier et certains clients semble lui donner raison. Nous assistons à un échange similaire chez Souleymanou, vendeur de tissus pagnes, quelques mètres plus loin.
Dans les milieux de culte, au Complexe islamique de Tsinga précisément, l’ambiance est au recueillement. Les prières s’intensifient. Dans la cour de la mosquée principale, des fidèles ayant abandonné leurs activités pour observer une retraite spirituelle sont assis sur des nattes, Coran en main. Certains méditent, d’autres discutent silencieusement. La bibliothèque est à moitié pleine de jeunes filles voilées. « Elles attendent un cours de religion », lance Abdoullah Atangana, Imam prédicateur de la mosquée principale. Parvenus aux dix dernières nuits du mois de Ramadan, la communauté musulmane multiplie les prières. « A cette période, se trouve la nuit du Destin. Durant toutes ces nuits, nous multiplions les prières surérogatoires, la lecture du Coran ainsi que les invocations. Durant la nuit du Destin, Dieu nous a révélé dans le Coran que toutes les prières peuvent être acceptées », explique l’Imam. Le dispositif sécuritaire lui aussi est mis en place.