Dans le film « Un jour sans fin », le personnage principal, interprété par Bill Murray, se retrouve dans une ville perdue, condamné à revivre la journée du 2 février indéfiniment. Une situation que la Fédération camerounaise de football semble faire vivre à tous. Car cette assemblée générale élective annoncée pour ce mercredi afin de décider de l’identité du prochain patron de Tsinga, laisse flotter plus qu’un parfum de déjà-vu. Oui, l’on a vécu cette situation à plusieurs reprises : un Comité de normalisation appelé en renfort pour remettre de l’ordre et qui, sciemment ou pas, c’est selon, voit son bail prolongé ; une assemblée générale élective qui devrait enfin choisir, après plusieurs rebondissements, le nouvel exécutif ; une menace de voir tous ces efforts réduits par la voie des tribunaux pour cause de non-respect des textes, etc. Oui, les acteurs de ce mauvais soap opera, même s’ils changent de temps en temps, écrivent le même scénario encore et encore.
La Fecafoot peut-elle enfin sortir de l’imbroglio dans lequel elle se trouve depuis 2013 ? Difficile d’être affirmatif, tant toutes les certitudes ont depuis volé en éclats. Et le climat plutôt délétère qui entoure cette élection n’est pas de nature à rassurer. Théoriquement en tout cas, la Fecafoot devrait enfin se doter d’un nouvel exécutif. Parmi les sept candidats en lice jusqu’au moment où nous mettions sous presse, quelques-uns se distinguent. Notamment Seidou Mbombo Njoya, considéré comme le grand favori au vu de ses soutiens visibles et surtout invisibles. Le chemin est-il tout tracé pour lui ? Joseph Antoine Bell, Franck Happi ou encore Maboang Kessack, sont loin d’être des inconnus ou des poids plumes dans ce combat. Emmanuel Bisong Egbe, Daniel Mongue Nyamsi et Hervé Patrick Tchinda peuvent également bénéficier d’un capital- confiance de la part des délégués du fait de leur non-appartenance à tel ou tel clan. Ça, c’est dans un monde idéal évidemment car dans la réalité, ce ne sont pas toujours les idées qui font la décision. Cela se joue souvent bien loin des regards et des oreilles indiscrètes.
Mais qu’importe. Arrivé à ce 12 décembre 2018 après tant d’années perdues dans des batailles et règlements de compte, n’est-il pas enfin temps de passer à autre chose ? N’est-il pas temps de placer l’intérêt commun avant celui de l’individu et de se reconcentrer sur l’essentiel, à savoir le football et les footballeurs ? Qui donc pour porter les intérêts des clubs amateurs, des présidents de clubs, des supporters, des footballeurs qui s’échinent au quotidien pour ce sport ? Hormis le titre de champion d’Afrique obtenu à la surprise générale par les Lions indomptables en 2017, les trophées se font rares depuis belle lurette. Les équipes nationales sont à la peine, le championnat et les clubs aussi. Le football-jeunes et féminin continuent d’être les parents pauvres d’un management qui a besoin d’un bon coup de balai. Bill Murray avait fini par comprendre qu’il fallait trouver un sens à sa vie pour sortir de ce brouillard interminable. Le nouveau président de la Fecafoot, véritable écurie d’Augias des temps modernes, en sera-t-il capable ?