Ebolowa: « Opep », ce danger permanent


Ce mode de transport est très souvent mis en cause dans les accidents de la voie publique.

Sur leur page Facebook, deux reporters, correspondants locaux d’organes de presse nationaux, affichent des images d’eux sortant couverts de poussière d’une petite voiture de transport. Ils viennent de faire, dans un « opep » plein à craquer, le trajet Ebolowa-Akom II. Guy Roger Mvondo du quotidien « Mutations » et Martin Désiré Okala, opérateur de prise de vue à « Vision 4 Télévision », veulent certes montrer une facette de « la vie de reporter », mais aussi les conditions de voyage dans un « opep » ou encore « taxi-brousse ». Ceux-ci pullulent dans l’ensemble des quatre départements de la région du Sud et constituent, d’après les statistiques fiables tenues par l’administration en charge des transports, l’une des principales causes d’accidents de la route, le plus souvent, avec pertes en vies humaines. Et voyager comme on dit, dans l’arrière-pays, impose que l’on flirte systématiquement avec le risque élevé de ne jamais arriver à destination.

L’on comprend donc pourquoi, depuis quelques mois déjà, les responsables régionaux du ministère des Transports ont fait du transport clandestin une cible à abattre. En réalité, il est question d’assainir le secteur par la régularisation de la situation administrative et matérielle des opérateurs. Car, l’on a vite constaté, lors des enquêtes ouvertes suite à un accident de la route, que les chauffeurs sont majoritairement sans permis de conduire, les véhicules sont d’un âge très avancé, sans carte grise et, bien sûr, sans certificat d’assurance. La vétusté de ces engins, parce qu’il est parfois difficile de déterminer la marque avec exactitude, s’illustre par une carrosserie bien mal en point et une pneumatique aussi lisse que la semelle d’un fer à repasser.

C’est donc dans cette vieille guimbarde que s’entassent deux dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants de tous âges, parfois des animaux, tant à l’intérieur que sur le toit, avec de multiples bagages. Pour un voyage jusqu’au bout de la souffrance. Face à la faiblesse actuelle de l’offre les pouvoirs publics voudraient servir une alternative. Celle-ci s’appuie sur un appel adressé aux opérateurs économiques investissant dans ce secteur très porteur à se conformer à la réglementation et, surtout, à mettre à la disposition des clients-passagers des véhicules répondant aux normes techniques et de sécurité appropriées.     

Denis Belinga: « Certains n’ont pas de permis de conduire requis »

Délégué régional des Transports du Sud.

Quelles sont les mesures prises pour lutter contre le transport clandestin ?

Nous avons commencé par la sensibilisation. Nous avons rappelé à ceux qui empruntent ces moyens de transport qu’ils sont exposés à plusieurs risques. D’une part, ces véhicules ne remplissent pas les conditions requises pour effectuer une activité de transport, que ce soit du transport de marchandises ou des personnes. D’autre part, les conducteurs ne sont pas, très souvent, détenteur du permis de conduire requis pour le transport des passagers. Là, il y a de gros risques en cas d’accident de la circulation. Certains consomment de l’alcool, quelquefois des stupéfiants, avant de prendre le volant…

Nous dénonçons tout cela. Nous effectuons également des contrôles routiers avec l’appui des forces de sécurité et de maintien de l’ordre. Nous avons été instruits de préparer des plans d’action de lutte contre l’insécurité routière. Ce sera une action faite de façon conjointe, sous la coordination du gouverneur de la région du Sud. Nous faisons également l’encadrement des activités de transports émergentes, c’est-à-dire que si nous constatons qu’une activité de transport n’est pas réglementée, nous l’encadrons dans le but de la faire sortir de la clandestinité. C’est exactement ce qui a été fait pour les moto-taxis.

Est-ce le cas pour le transport qu’on qualifie d’artisanal ?

Les transports artisanaux sont assimilés aux transports clandestins, parce qu’ils ne sont  pas en règle du tout. L’Etat a eu une sollicitation du syndicat des transporteurs pour que soit reconnue l’activité de transport artisanal ou péri-urbain. C’est fait. Ils effectuent des trajets sur des routes enclavées. Cette activité a été réglementée il y a un an. Le Premier ministre a institué une licence de transport pour ce type d’activités. Il y a des licences spéciales pour les transports péri-urbains. Ceux qui veulent opérer dans ce secteur n’ont qu’à se rapprocher de nos services pour pouvoir obtenir leur licence et être en règle.

Quel effet ces transports clandestins ont-ils sur la ville d’Ebolowa ?

Les transports clandestins ont un gros impact négatif. Lorsque, en entrant dans la ville, vous voyez des voitures occupées par des personnes jusqu’à la malle arrière, ce n’est pas beau. Ils se font peut-être plus d’argent en surchargeant, mais cela peut occasionner des accidents de circulation. Sur le plan économique, nous n’avons pas de statistiques, mais lorsqu’ils travaillent dans le noir comme ils le font, ils ne participent en rien au développement de notre pays.


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