Debout, courageusement


Affronter des épreuves particulièrement douloureuses telles que la catastrophe ferroviaire survenue vendredi dernier près d’Eséka, est une occasion pour la nation de se mesurer face à l’obstacle. Surmonter des épreuves, c’est intégrer un art de vivre-ensemble. Les manifestations de solidarité observées depuis le jour de la catastrophe sont à cet égard illustratives d’une mobilisation significative à plusieurs niveaux. Les témoignages des rescapés sont éloquents. Les premiers secours sont venus des passagers eux-mêmes qui, en tirant  certains de l’embarras, en réveillant d’autres des spasmes du choc, ont sauvé des vies. Les populations riveraines du lieu de la catastrophe, dans les limites de leurs possibilités, ont fait de leur mieux pour apporter leur assistance. Quant aux autorités gouvernementales et administratives, elles ont pris  un certain nombre de mesures et continuent de mener des actions  conformément aux directives présidentielles. La journée de deuil national observée hier à travers le Cameroun et ses représentations diplomatiques et consulaires à l’étranger fait partie des manifestations qui attestent  cette solidarité entre la nation et les victimes de ce drame national.

Les Camerounais ont déjà eu à faire face, ensemble et courageusement, à des épreuves similaires. Sans être exhaustif, l’on peut brièvement rappeler deux évènements de triste mémoire. La catastrophe du lac Nyos, dans la région du Nord-Ouest, survenue en août 1986, avait entraîné la perte d’environ 2000 vies humaines, sans compter les dégâts matériels et environnementaux. Le 14 février 1998, la catastrophe de Nsam, à Yaoundé dans la région du Centre, a provoqué plus de deux cents morts. En ces circonstances douloureuses, la nation a eu à manifester sa solidarité vis-à-vis des victimes et de leurs familles.

Au demeurant, de telles manifestations de solidarité sont la marque des nations qui savent se mobiliser devant l’adversité pour venir ensemble à bout des épreuves. De multiples catastrophes naturelles ou humaines survenues plus ou moins récemment à travers le monde montrent que les pays qui en sont le théâtre ne versent pas dans la cacophonie.  Toutes les composantes de ces nations sont invitées à se serrer les coudes, à faire le deuil, à contrer l’adversité, à panser les plaies de toutes natures, à tirer les leçons pour l’avenir et à reconstruire le pays. Ainsi, par exemple, la Thaïlande s’est relevée du tsunami du 26 septembre 2004 qui entraîna des milliers de morts et la destruction des sites touristiques les plus attrayants. En Espagne, le déraillement d’un train le 24 juillet 2013  près de Saint-Jacques de Compostelle, ayant causé notamment 77 morts, n’est ni oublié ni effacé mais transcendé grâce aux mesures et actions engagées pour éviter de tels drames et améliorer l’état des infrastructures notamment ferroviaires.

Il y a un an environ, la résilience du Cameroun sur le plan économique était reconnue et appréciée par des observateurs de cette scène. Aujourd’hui, la nation a aussi besoin de faire montre de résilience au plan psychologique. Celle-ci est définie par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik dans son livre intitulé « Un merveilleux malheur » comme «  un art de naviguer sur les torrents (collectivement), un réajustement qui se poursuit tout au long de la vie » afin d’émerger ensemble. C’est l’art de rester debout ensemble, de continuer à travailler ensemble avec courage et détermination. C’est cette interpellation que le président Paul Biya a adressée à ses compatriotes, dans sa déclaration  à son arrivée à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen samedi dernier : « Je demande aux Camerounais, dans des circonstances comme celles-ci, de faire preuve de courage, de dynamisme et de volonté ». Pas question de se laisser abattre. Debout, courageusement, continuons à construire notre pays.


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