C’est l’une des recommandations des banquiers centraux réunis à Yaoundé le 25 janvier. Celle-ci vise à contenir les effets de contagion et accroître la résilience des économies
Depuis une décennie, les économies en développement doivent faire face à une récurrence de crises. Après la crise financière de 2008, la crise de la dette souveraine est survenue deux ans après, pour céder la place aujourd’hui à la crise des matières premières. Depuis 2014, en effet, les économies africaines doivent conjuguer avec la baisse des cours du pétrole. Et pour les pays producteurs, les performances en ont bien pâti. Ralentissement de la croissance, épuisement des avoirs de réserve, dépréciation des monnaies et plus globalement, l’accroissement des risques sur la stabilité financière. Outre les dispositions prises au sein des pays affectés pour gérer la crise (ajustement des politiques budgétaires, augmentation de l’endettement), les banques centrales ont aménagé leurs politiques monétaires afin de soutenir la croissance et alléger les contraintes de financement des Etats et du secteur privé.
Sauf que, de l’avis de certains experts, les politiques économiques traditionnelles ont montré leurs limites devant la récurrence de ces chocs exogènes. Et les banques centrales, ne peuvent plus, dans un tel environnement, se limiter au rôle de maintien de la stabilité monétaire et des prix. De fait, un défi s’impose : aller au-delà des solutions habituelles. Mieux, innover dans les stratégies arrêtées pour gérer ces crises répétitives. C’est dans cet état d’esprit qu’une vingtaine de responsables de banques centrales du continent africain a échangé à Yaoundé le 25 janvier dernier, avec des universitaires. La conférence de haut niveau qui les a regroupés était une initiative de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).
Les recommandations formulées à l’issue de leurs échanges sont résumées autour de cinq principaux axes : la prévention des crises économiques et financières ; la promptitude des réactions ; la flexibilité des politiques et leur coordination ; la transparence des actions des responsables publics. Pour les banquiers centraux, « prévenir vaut mieux que guérir ». En effet, l’une des suggestions faites est de renforcer les cadres d’analyse et de prévision macro-économiques au sein des banques centrales et des ministères économiques. Ce qui, de par le constat établi, reste pour l’heure, un des maillons les plus faibles des systèmes décisionnels. Réagir le plus tôt possible dès que les premiers signes de la crise se manifestent serait aussi un atout. Les réformes ne doivent souffrir d’aucune lenteur.
L’autre point de l’ « ordonnance » des banquiers centraux, c’est la nécessité pour les Etats de mettre en œuvre des politiques budgétaires visant à contrer les chocs. Relevant, pour le cas de la CEMAC, que l’absence d’une stratégie appropriée pour gérer les excédents budgétaires en période d’expansion a conduit à une diminution rapide des marges de manœuvre budgétaire des pays de la sous-région. Les banques centrales, elles-mêmes, doivent pouvoir définir une stratégie de communication optimale et être transparentes en matière de politique monétaire et de stabilité financière.