« Il n’a pas pu freiner ou il n’a pas voulu freiner ? » La question ne se pose même pas. Le conducteur du véhicule embouti par l’arrière voit rouge et sort comme un tourbillon pour régler ses comptes avec le chauffeur de taxi. Aucun mot échangé, mais des coups et des gifles, si ! Automobilistes et autres badauds interviennent pour séparer les deux hommes.
Le carrefour IPTEC au quartier Nkolndongo à Yaoundé, en quelques minutes se transforme en ring de boxe. Chemises déboutonnées et déchirées, visages boursoufflés, ils finissent par se calmer pour constater qu’en réalité, il n’y avait rien de bien méchant : juste une fissure sur le pot de phare, et la tôle à peine froissée. Des incidents violents sur la voie publique entre un ou plusieurs chauffeurs, ce n’est pas un fait rare dans la capitale.
Au volant, les conducteurs se montrent sans pitié les uns pour les autres. Un dépassement jugé insensé ? Une injure en réponse. Un sens mal abordé ? Une grossièreté en face. Un nouveau sur la chaussée « cale » son moteur ? Il reçoit des « Qui t’a donné la voiture là ?! » en retour. Que dire de la misogynie ambiante. Oui, tous les hommes sont nés en sachant démarrer une auto. Evidemment… Mais ces bonnes dames sont incapables de tenir un volant.
C’est une vérité universelle ! « Tu crois que c’est ta cuisine ici ? », peuvent-elles entendre parmi le millier de propos aussi injurieux que machistes lancés à leur encontre. Quand la discourtoisie au volant ne se manifeste pas par l’insulte ou la menace, elle se traduit par des mauvais gestes tels que téléphoner, envoyer des SMS (d’ailleurs bravo à ceux qui réussissent cet exercice à la fois abruti et dangereux). Dans certains pays, manger, boire, fumer, se maquiller, pratiquer un acte sexuel tout en conduisant sont passibles d’amendes, parce que susceptibles de détourner l’attention du chauffeur.
Dans le top 5 des comportements les plus dévastateurs au volant, s’affichent l’utilisation du téléphone portable, l’oubli des clignotants, le refus de s’arrêter au « STOP », le non-respect des distances de sécurité et l’indifférence face aux passages piétons. On peut ajouter la vitesse, la confiscation du côté gauche réservé aux dépassements… Ces attitudes, c’est vrai, ont le don d’agacer.
Mais il faut apprendre à faire preuve de maîtrise. La semaine internationale de la courtoisie sur la route, organisée du 16 au 24 mars 2019, est là pour le rappeler à tous, en même temps qu’elle veut pousser les usagers à faire preuve de civilité. Une initiative pour apprendre aux automobilistes, cyclistes, motocyclistes, piétons, etc. à partager la route en toute convivialité. Au Cameroun, cette périodicité sera dédiée à des activités de sensibilisation menées par des ONG et des associations. Il y a du boulot…