Vous n’avez certainement pas manqué les conséquences spectaculaires des pluies tombées au mois d’octobre au Cameroun. Des inondations à Maga dans l’Extrême-Nord, ce qui ne s’était pas vu depuis au moins trois ans. Des pluies à n’en plus finir à Yaoundé au point où le Mfoundi est de nouveau sorti de son lit. Le glissement de terrain à Bafoussam est également arrivé durant une nuit de pluies ininterrompues. Y aurait-il un changement majeur dans le climat. Les experts pensent qu’il faut prendre cela avec des pincettes avant de conclure à un changement du climat au Cameroun. Pour Pr. Ndam Ngoupayou Jules Rémy, hydrologue et coordinateur du Master Ressources en eau et risques environnementaux dans les métropoles africaines (Marema) à l’université de Yaoundé I, la pluviométrie est en baisse au Cameroun par rapport aux années antérieures. « Les analyses montrent qu’on est passé de 1 600 mm de pluies par an dans les années 1940 à environ 1 550 mm de pluies dans les années 2010. Soit une baisse de 2 à 10% », constate-t-il.
La constante demeure toutefois la hausse de l’intensité des pluies journalières. « L’on observe que les pluies sont devenues très intenses par rapport aux années antérieures et que le nombre de jours de pluies a baissé. Ce qui est très dangereux pour les sols », ajoute l’expert. En effet, l’infiltration des sols ne se fait plus comme par le passé et les eaux qui ruissellent vers les bas fonds causent les inondations. « De plus en plus, on a du mal à identifier le début et la fin des pluies à cause des perturbations mais il serait hâtif de parler d’un changement climatique. Pareilles conclusions peuvent être données au bout d’une observation d’au moins 30 ans », relève Pr. Ndam Ngoupayou.
A la station météorologique principale de Yaoundé au quartier Ekounou, on n’est pas plus surpris. Pour Léon Guébama, météorologiste et responsable de la structure, les perturbations observées avec le climat sont dues à l’activité de l’homme sur la nature. Elle va de l’abattage des arbres aux feux de brousse, sans oublier le facteur de la population galopante qui occupe de plus en plus d’espace. De même, ces experts de la ques tion s’accordent sur le fait que ces phénomènes sont cycliques et peuvent arriver tous les 10 ou 20 ans. Dès lors, ils ne relèrelèvent plus vraiment de l’inédit. En effet, les saisons varient en fonction des zones géographiques. Le Cameroun à lui seul se caractérise par plusieurs types de climats.