Chronique : lumière de la raison


Détenez-vous une seringue d’inoculation ? Puisqu’un serpent venimeux en situation de chasse au cœur des pâturages est venu nuitamment mordre plusieurs bœufs de votre troupeau, prenez cette seringue. Enfoncez-là dans un bidon rempli d’essence et prélevez-en une petite quantité.  Poursuivez votre geste qui sauve, en injectant chaque bête piquée, de préférence  au niveau de la zone atteinte par les crochets du reptile. Du coup, vos bovins commencent à sortir de leur état d’étouffement. Bravo ! Ce « traitement-miracle », nous vient de l’ingéniosité des éleveurs de Djohong et des localités environnantes. Ils l’appliquent avec une main heureuse, mais sans parvenir à convaincre les vétérinaires, qui classent cette découverte…parmi les « absurdités paysannes. »   

A Djohong, en cette fin d’année, où circulent encore des rumeurs autour de la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale, un autre fait mérite qu’on s’y arrête : la conduite exemplaire des populations, face à cette attente du remaniement. Les hommes et les femmes de là-bas savent que nul ne saurait pousser la chouette de Minerve à prendre son envol avant la tombée de la nuit. Alors, ces compatriotes ont décidé de réaliser leur propre remaniement, différent de celui alimentant actuellement des ragots, ici et là. Mettons les choses au point : à travers ce remaniement, les uns et les autres se sont plutôt remaniés. Et grâce à leur sens de la patrie, les voilà, désormais,  disposés à apporter une collaboration efficace aux forces de défense et de sécurité. Réconfortant, pour ces gendarmes, policiers et militaires déployés à Djohong, zone de prédilection de mauvais sujets, opérant comme  coupeurs de route et kidnappeurs.

Dans le passé, que d’errements ! Par ignorance, indolence  ou par insouciance, bon nombre d’habitants s’abstenaient de fournir l’information prévisionnelle. On pouvait, par exemple,  observer un mouvement suspect, et décider de ne le signaler qu’à une élite du village, installée à Yaoundé. Laissés de côté, le sous-préfet et son état-major. Aujourd’hui, le rejet franc et massif de cette attitude blâmable, met en exergue la lumière de la raison, en même temps qu’il fixe définitivement les citoyens de cette partie du pays, sur leur rôle : attacher le grelot et dénoncer. Tant il est vrai qu’en période d’insécurité et face à la montée du phénomène terroriste,  le bon renseignement sert de base aux actions et décisions permettant de débusquer et de vaincre l’ennemi.


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