Chômage des jeunes: la solution par une croissance plus forte


La question du chômage des jeunes est au cœur des préoccupations du président de la République. Dans la plupart de ses discours, Paul Biya évoque cette problématique, tant le mal est profond. Son message à la Nation du 31 décembre dernier ne déroge pas à la règle. « Un problème qui me tient particulièrement à cœur reste à résoudre. Je veux parler du chômage, et en particulier de celui des jeunes », a-t-il déclaré.

Evoquant ensuite les solutions susceptibles de réduire durablement ce phénomène, le chef de l’Etat a une idée précise sur ce qu’il convient de faire. Bien entendu, a-t-il expliqué, « les services de l’Etat qui sont chargés de trouver des réponses feront ce qu’ils doivent faire.

Mais il faut être conscient que ce fléau social qui touche la plupart des pays de la planète, est étroitement lié au niveau d’activité économique, autrement dit à la croissance. C’est pourquoi nous ferons tout notre possible pour encourager et stimuler le retour de la croissance que nous connaissons actuellement ». Cela signifie qu’il faut agir concomitamment sur deux fronts. Le premier relève de la responsabilité de l’Etat qui, reconnaissons-le, a beaucoup fait ces dernières années, en termes de recrutement des civils et des personnels destinés aux forces de défense et de sécurité.

Cependant, cet effort reste insuffisant, car le nombre de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail est largement supérieur au nombre de places disponibles dans la Fonction publique. C’est dire qu’il faut davantage chercher la solution au problème du chômage du côté du secteur privé qui, contrairement au secteur public, a la capacité de créer un nombre plus élevé d’emplois, en relation avec le grand potentiel de croissance des activités économiques. Dans cette perspective, les marges de progression en ce qui concerne notamment les opportunités d’emplois que peut générer le secteur privé sont énormes.

Dans le cas du Cameroun, la configuration de l’économie impose une action soutenue dans deux directions. Audelà de la controverse sur le taux de chômage, il faut combattre le sous-emploi (associé à l’informel agricole et non agricole) parce qu’il touche plus de 70% de la main d’œuvre et offre des emplois précaires, très peu productifs et peu rémunérés.

Puis, créer des conditions pour que le secteur structuré de l’économie qui occupe moins de 10% de la main d’œuvre depuis les années 90, puisse être effectivement le principal pourvoyeur d’emplois. La Banque mondiale qui a analysé ce phénomène suggère qu’il faut à la fois accroître la productivité et les revenus de celles et ceux qui travaillent déjà dans les exploitations familiales et les entreprises du secteur informel non agricole pour réaliser une croissance économique plus solidaire.

Tout en créant, bien sûr, de nouveaux emplois. Pour rendre cela possible, il faut mettre en place un système d’éducation et de formation performant, car celui-ci est essentiel pour l’accroissement de la productivité de la main d’œuvre. Un enseignement technique et professionnel de qualité permet de se doter de compétences utilisables immédiatement sur le marché du travail.

En outre, un système d’enseignement supérieur équilibré, offrant des programmes de formation postsecondaire de courte durée, et étroitement lié aux besoins du marché du travail, ferait aussi beaucoup de bien à l’économie camerounaise. Autant que la mise en place d’un cadre permettant aux entreprises de nouer des partenariats avec des centres de formation pour booster l’apprentissage. Par ailleurs, l’offre d’emplois limitée dans le secteur privé étant la conséquence des contraintes qui entravent l’activité économique, il faut rapidement rattraper le déficit infrastructurel et assainir le climat des affaires.

Sinon, le Cameroun pourra difficilement doper les acticités économiques pour atteindre les taux de croissance nécessaires à une création massive d’emplois et à la réduction durable de la pauvreté, préviennent les experts. Les contraintes structurelles et les autres faiblesses identifiées doivent également être surmontées. Ce n’est pas par hasard que le taux de croissance actuel (estimé à 3,9% en 2018) est en deçà des objectifs de 5,5% en moyenne annuelle prévus sur la période 2010-2020 dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi.

Raison pour laquelle il est temps d’adopter une stratégie de rupture dans la gouvernance économique, afin que l’investissement productif à grande échelle, moteur de la croissance, soit au rendez-vous et entraîne, pourquoi pas, des taux de croissance à deux chiffres comme ce fut le cas chez les dragons d’Asie. Le Cameroun en a les moyens.


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