Le professionnalisme tant annoncé il y a huit ans déjà devait, théoriquement du moins, améliorer les conditions de vie des footballeurs. Mais la réalité est toute autre comme le prouve ce courrier du secrétaire général de la Fédération internationale des associations des footballeurs professionnels (FIFpro), Théo Van Seggelen, et du président du Syndicat national des footballeurs du Cameroun (Synafoc), Geremi Njitap, destiné au président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Seidou Mbombo Njoya.
L’objet ? Contraindre les parties incriminées à reverser les droits des joueurs du championnat professionnel. Rien que pour la saison 2017/2018 et celle en cours, 24 clubs sur les 33 engagés en Ligue 1 et 2 sont indexés pour les mêmes griefs : plusieurs mois de salaires impayés, primes de signature à tête chercheuse, primes d’entraînement pas souvent payées, etc. Depuis la reprise, la plupart des joueurs n’ont jusqu’à présent reçu aucun salaire.
Ce courrier est-il un pavé dans la mare ? Non, plutôt un secret de polichinelle car la situation dans laquelle évolue les footballeurs camerounais depuis des années est connue de tous. Et le passage à la Ligue professionnelle en 2011 n’y a rien changé. « Le football est notre métier et nous sommes censés en vivre. Mais j’ai à peine de quoi me nourrir en une semaine. J’ai touché mon salaire une seule fois, 45 000 F alors qu’on avait convenu du double. J’ai eu quelques primes d’entraînement avec parfois 500 F », raconte un joueur de Ligue 2 sous anonymat.
Pour cet autre qui avait rejoint les rangs d’un club promu en élite l’an passé, la situation était moins noire : « J’ai eu mon salaire qui n’atteignait pas 100 000 F durant six mois et j’étais logé par le président. J’avais droit à des primes de victoire de 15000 F. J’étais un privilégié puisqu’on comptait sur moi alors que d’autres avaient à peine la prime d’entraînement ».
La situation ne devrait pas s’arranger puisqu’avec la nouvelle formule, seules les six meilleures équipes continueront le championnat tandis que les autres seront au chômage technique. Devant l’absence de contraintes malgré des décisions rendues par la chambre nationale de résolution des litiges de la Fecafoot depuis 2011 pour certaines, les joueurs restent livrés à eux mêmes.
Pourtant, la subvention de l’Etat, et même celle du dernier sponsor de la Ligue, était clairement destiné au paiement des salaires dont les minimas sont de 50 000 F en Ligue 2 et 100 000 F en Ligue 1. Mais le suivi des appuis donnés aux clubs est inexistant. Certains joueurs ne sont pas exempts de tout reproche, entre ceux qui signent dans plusieurs clubs à la fois, empochant les primes prévues, ceux qui abandonnent les équipes en pleine saison.
De plus, l’environnement et le fonctionnement des clubs, bien loin du professionnalisme tant affiché, fait que les présidents supportent toutes les charges sur fonds propres. Et forcément, à un moment, il devient difficile de faire face. Le moment ne serait-il pas venu d’avoir une réflexion profonde sur le professionnalisme du football pour permettre un réel décollage.