Dr Eliane Ngassam Ndjouoguep, endocrinologue-diabétologue.
Pourquoi avoir mis un accent sur les femmes à l’occasion de cette autre édition de la journée internationale du diabète ?
Les personnes que nous recevons en consultation sont constituées en majorité de femmes. Nous sommes beaucoup plus confrontés à la prise en charge du diabète chez des femmes. Bien que nous n’ayons pas de statistiques sur le taux de prévalence chez cette catégorie de patients, il faut dire que la prévalence est la même chez les adultes, indépendamment du sexe. Mais ce sont elles qui viennent beaucoup plus facilement à la moindre alerte au contraire des hommes qui ont tendance à négliger et qui arrivent à l’hôpital parfois lorsque la situation est grave.
Quel est l’état des lieux de la prise en charge de cette maladie au Cameroun ?
Elle est faite par les malades eux-mêmes, notamment chez ceux qui ne disposent pas d’assurance-maladie. Pour l’instant, il n’y a pas de prise en charge particulière chez l’adulte. Chaque malade ou chaque famille prend en charge l’achat des médicaments, les examens cliniques et le bilan annuel de santé. Seuls ceux qui ont des assurances maladies sont à l’abri de certaines dépenses. Mais, je dois rassurer qu’une convention vient d’être signée entre certains laboratoires et le ministère de la Santé publique, afin de diminuer les coûts des médicaments. Certains produits verront leurs coûts grandement diminuer d’ici quelques semaines, voire quelques mois. Ceux qui coûtent entre 12 à 11 000 F vont passer à 500 F, selon les termes de cette convention. Nous sommes très contents pour nos patients.
Quid des subventions de l’Etat ?
La subvention de l’Etat concerne la prise en charge du diabète I, c’est-à-dire celui des enfants à travers le programme dénommé « Changing Diabetes Children ». Celui-ci est en cours depuis plusieurs années à l’Hôpital central de Yaoundé et dans toutes les régions du Cameroun. Ils permettent aux enfants atteints du diabète de se faire consulter, d’avoir accès aux médicaments y compris leur bilan annuel de manière gratuite.
Quelles sont les difficultés rencontrées tant chez les patients que le personnel médical ?
Les difficultés se trouvent au niveau du coût et des bilans annuels qui s’élèvent à plus de 50 000 F. La majorité des malades ont des revenus faibles et ça dépend aussi du lieu. Ce coût augmente en fonction des complications de chaque malade. Nous sommes confrontés au fait que nos malades ne parviennent pas à bien se prendre en charge. Et ce qui cause de nombreuses complications.