Monsieur le président, qu’est-ce que le CBF a apporté à ce jour dans le renforcement du Partenariat public-privé ?
Depuis 2009 et la signature du protocole d’accord régissant sa mise en place, le Cameroon Business Forum (CBF) est devenu la plate-forme de référence du dialogue public/privé dans notre pays. La tenue régulière des sessions annuelles du Forum et leur présidence effective par le Premier ministre, chef du gouvernement ont pour effet, au plan de la politique économique, de traduire la disponibilité du gouvernement à s’engager avec le secteur privé pour trouver les voies et moyens d’améliorer le climat des affaires. Nous saluons cette démarche. Toutefois, à ce jour, les résultats obtenus, comme l’indiquent les classements Doing Business du Cameroun au fil des années, sont restés en-deçà des attentes. Le Gicam a plaidé pour une extension des réflexions du CBF au-delà des indicateurs du Doing Business, de manière à prendre en compte tous les aspects de l’environnement des affaires. Et aussi sur une réforme du mode opératoire du CBF pour plus d’efficacité. Nous nous félicitons de la nouvelle dynamique impulsée par le Premier ministre et espérons que le changement de format contribuera à apporter plus de résultats concrets.
10 ans après sa mise sur pied, quelles sont les recommandations du CBF qui ont eu le plus d’impact sur l’amélioration du climat des affaires ?
De notre point de vue, les réformes impulsées par le CBF et ayant eu le plus grand impact sont celles qui concernent la création d’entreprises. Il s’agit notamment de la création et de l’opérationnalisation effective des Centres de formalités de création d’entreprises (Cpce), ainsi que des textes de 2016 et 2017 qui consacrent la réduction du capital social minimum d’une société à responsabilité limitée de 1 000 000 F à 100 000 F et la non obligation de recours à un notaire pour l’établissement des statuts de la SARL ; ceci pouvant désormais se faire sous seing privé, suivi d’une authentification auprès des Cfce. D’autres réformes importantes ont également été adoptées dans d’autres domaines mais, leur résonance a été moins forte. Nous pensons notamment à l’introduction du concept d’identifiant unique et à l’institution du paiement par virement bancaire des impôts et taxes (CBF 2011), la mise en application de la vignette sécurisée sur certains produits manufacturés et la désignation des magistrats dans les chambres commerciales auprès des juridictions d’instance (CBF 2012), la loi fixant les incitations à l’investissement privé, la publication du texte instituant la libéralisation des annonces légales et la création d’une Agence de promotion des PME (CBF 2013), la nomination des responsables de la Banque camerounaise des PME (CBF 2014), l’opérationnalisation d’une Centrale des incidents de paiements au sein du Conseil national du crédit (CBF 2015), etc. Le CBF est une main tendue du gouvernement au privé.
Que donnez-vous en retour pour accélérer la marche du Cameroun vers l’émergence ?
Les chefs d’entreprises tendent en retour la main au gouvernement. Ils ne demandent qu’à disposer des conditions favorables pour faire ce qu’ils savent faire le mieux : créer des richesses et des emplois. Cette fonction est essentielle, voire consubstantielle à toute idée d’émergence, surtout dans un modèle d’économie de marché comme celui du Cameroun. Ils agissent de manière proactive à travers le patronat par des diagnostics assortis de propositions. Malgré les crises et les vicissitudes de l’environnement international, notre pays affiche une extraordinaire capacité de résilience qui repose essentiellement sur l’ardeur, l’ingéniosité, la ténacité et l’endurance dont font preuve, chaque jour, des hommes et des femmes déterminés et dont la vocation entrepreneuriale reste inébranlable. En plus de cette vocation, les entreprises n’hésitent pas à s’investir dans le domaine social à travers des actions de RSE ou d’aménagement du territoire.
Selon vous, quel est le rôle de la PME dans le développement de l’économie nationale ?
Les PME constituent la base du tissu économique de la plupart des pays et particulièrement des pays dits en développement. C’est ainsi qu’au Cameroun, elles jouent un important rôle économique et social, de par leur contribution dans la création de richesses et en raison du levier indispensable qu’elles constituent pour la redistribution des fruits de la croissance à travers la création des emplois. Les relations d’interdépendance au sein d’une économie font d’ailleurs qu’il ne saurait exister de grandes entreprises fortes sans PME performantes et qu’aucun dynamisme économique n’est possible sans des PME structurées. C’est la raison pour laquelle le Gicam, qui compte 52% de PME dans ses effectifs, positionne désormais celles-ci au centre de ses initiatives, notamment avec la création, il y a plus d’un an maintenant, d’un Centre de développement de la PME (Cdpme). En outre, un plaidoyer spécifique est mené pour la promotion des PME et la prise en compte de ses spécificités dans les différentes politiques publiques. Le Groupement œuvre en outre à la construction des économies circulaires qui mettent en relation, dans une relation fertile et constructive, les PME et les grandes entreprises. C’est le sens des initiatives comme les journées fournisseurs, le Forum de la PME, les rencontres de la PME et autres.
Qu’est-ce qui est mis en œuvre pour l’insérer davantage dans la dynamique du dialogue public-privé ?
Cette 10e session a été un CBF de transition vers un CBF rénové au sujet duquel nous avons récemment fait des propositions au gouvernement. Ce qui est déjà acté, c’est l’existence de deux pôles, l’un consacré au suivi des indicateurs Doing Business, et l’autre à tous les facteurs qui composent l’environnement des affaires. Nous espérons que la réforme du CBF sera parachevée dans les prochains mois. Sinon, le Gicam fonde bon nombre de ses initiatives sur la nécessité de construire et de promouvoir des interdépendances efficaces entre les différentes catégories d’acteurs économiques.