Les 146 000 agents de l’Etat, actifs et pensionnés, bénéficiant d’un revenu mensuel de moins de 100 000 F et jusqu’ici obligés de se munir d’un bon de caisse pour rentrer en possession de leur dû, seront désormais appelés à procéder autrement. En effet, dans un communiqué rendu public le vendredi 11 octobre dernier, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, annonce la mise en oeuvre, dès ce mois d’octobre 2019, « de la réforme relative à la dématérialisation des bons de caisse. » Dans ce communiqué, le Minfi explique que « cette réforme a trait au remplacement des titres de paiement physique actuellement utilisés par des titres électroniques. » Par ailleurs, il est question pour le Cameroun de s’arrimer à la mouvance contemporaine qui est à la dématérialisation des procédures. Comme l’explique Achille Nestor Basahag, directeur de la Comptabilité publique au Minfi, le Cameroun était encore parmi les rares pays africains à payer une catégorie de ses agents publics sur support papier.
Concrètement, ces personnels recensés à travers le pays devront, à la période de paie du mois d’octobre, se rendre comme à l’accoutumée dans leurs différents postes comptables de rattachements. Mais en lieu et place du bon de caisse, ils devront plutôt se munir d’éléments biométriques (deux photos, la carte nationale d’identité, trois spécimen de signature). Ces données seront informatisées et après octobre, chacun des 146000 personnels n’aura besoin que de sa CNI pour être payé. Une période de trois mois est accordée à la population cible pour se mettre à jour. « Passé le 31 décembre 2019, les salaires et pensions de ceux qui ne seront pas à jour seront suspendus », avertit le directeur de la Comptabilité publique. Il en est de même pour ceux ayant une rémunération supérieure ou égale à 100 000 F et qui réussissaient encore à la percevoir par bon de caisse. Ils doivent ouvrir des comptes bancaires. Cette dématérialisation, troisième étape d’un processus de modernisation engagée par le ministère des Finances, dans une dynamique de maîtrise de la dépense publique et, partant, de la masse salariale, a plusieurs objectifs. Notamment la lutte contre la fraude de tous genres et la réduction des coûts liés à la production des bons de caisse (fabriqués en Europe). Il est aussi question par cette dématérialisation de limiter les risques liés à la conservation et à la détérioration des papiers. Il faut rappeler que la dématérialisation des bons de caisse s’inscrit dans le cadre d’une vaste opération entamée avec le comptage physique des personnels de l’Etat en 2018, suivi du virement individualisé des salaires et pensions qui jusqu’ici ont permis de débusquer des agents fictifs et d’engranger des économies chiffrées à plusieurs milliards de F.