La chefferie traditionnelle de Sodiko, à Douala IV, a abrité le 7 mars dernier un atelier interdisciplinaire sur la provenance des biens culturels issus de contextes coloniaux. Cet atelier, qui survient après le deuxième colloque interministériel sur la politique culturelle extérieure du Cameroun organisé le 26 septembre 2019 à Yaoundé, s’inscrivait dans le cadre de la mission des chercheurs allemands des musées national et municipal de Hanovre et Braunschweig. Principaux animateurs de l’atelier, SM Ness Essombey Ndambwe, chef de Sodiko, Bianca Baumann, ethnologue et assistante au musée de Hanovre et Isabella Bozsa, anthropologue ethnologue au musée municipal de Braunschweig, engagées dans une recherche sur la provenance et les significations des biens culturels camerounais dans leurs musées respectifs.
Il s’agissait, pour les différentes parties, de faire l’analyse et l’inventaire des biens culturels du Cameroun, explorer l’origine et l’histoire de ces objets culturels, les circonstances de leur acquisition, rechercher les conditions sociales, politiques, économiques, les éventuels propriétaires et voir comment à terme, ces objets, pas moins de 1 500 qu’on retrouve rien qu’au musée national de Hanovre, peuvent faire l’objet d’une rétrocession au Cameroun.
Pour le chef de Sodiko qui se félicitait de l’initiative, le chemin sera long pour un retour définitif. D’où sa proposition de faire déjà un inventaire de ce qui est disponible, la mise sur pied d’une plateforme ou d’une base de données permettant aux communautés de faire valoir leurs droits. Pour la partie allemande, on ne peut faire l’économie d’un travail sur le passé colonial des musées et leurs collections. D’où la démarche avec les autorités camerounaises, les chefferies traditionnelles et même les familles pour un dialogue transparent et d’ouverture par rapport à la coopération ou à la restitution des biens.
De nombreuses propositions ont été émises à l’issue des travaux, la principale étant l’organisation d’expositions de ces biens culturels au Cameroun, en attendant leur retour. Histoire de donner aux communautés l’occasion de s’intéresser à ce riche patrimoine et s’engager dans ce débat sur les biens culturels issus des contextes coloniaux. Au-delà de Sodiko, de nombreuses autres chefferies sont engagées