Au-delà des appuis


Commentaire

L’intérêt de la caravane de promotion de l’entrepreneuriat et de valorisation des métiers agropastoraux auprès de la jeunesse, rendue cette année à sa cinquième édition, n’est plus à démontrer. Tant il est évident que l’agriculture, l’élevage et la pêche sont les véritables richesses du Cameroun. Dans ces différents domaines, le pays dispose d’un potentiel enviable qu’il suffit de transformer : vastes espaces terrestres et maritimes exploitables, climats généralement favorables dans les cinq zones agro-écologiques, etc.

Autre argument : les ressources agricoles et halieutiques sont à classer au rang des ressources renouvelables, à côté des gisements pétroliers, gaziers et des autres minerais certes importants, mais qui finissent par s’épuiser au fil des ans et parfois à jamais.

Par conséquent, miser sur les activités agropastorales comme socle de l’émergence du Cameroun, c’est faire un choix rationnel adossé sur des prédispositions naturelles indéniables. Bien plus, intéresser la jeunesse qui a l’énergie nécessaire pour  produire, c’est créer un attelage et un cercle vertueux.

Car les jeunes constituent la frange la plus nombreuse de la population et c’est encore eux qui souffrent le plus du sous-emploi ou du chômage. Dans ces conditions, faire de la jeunesse le fer de lance de l’entrepreneuriat agricole peut déclencher des effets multiplicateurs bénéfiques pour l’ensemble de la société.

Seulement, pour que les activités agropastorales deviennent  la locomotive du développement du Cameroun, il faut les moderniser. En clair, il faut sortir des schémas traditionnels constitués d’appuis ordinaires en termes de remise de petites enveloppes financières, de distribution de petits matériels agricoles ou d’aménagements sommaires ici et là, pour opérer de profondes  réformes structurelles afin de redessiner le paysage agropastoral camerounais.

L’enjeu est d’abandonner les petites exploitations familiales actuelles, plus nombreuses, pour parvenir à une agriculture intensive, synonyme de système de production caractérisé par l’usage important d’intrants, en vue de maximiser la production par rapport aux facteurs de production, qu’il s’agisse de la main d’œuvre, du sol ou des autres moyens tels que les machines, les engrais et les produits phytosanitaires.

C’est à cette condition, nous semble-t-il,  que nous pourrons résoudre l’équation de l’autosuffisance alimentaire, en consommant au quotidien ce que nous produisons, sans plus dépenser des centaines de milliards de francs pour importer les aliments. C’est aussi la voie royale pour rééquilibrer notre balance commerciale et, pourquoi pas, avoir une balance excédentaire en exportant massivement, non plus des produits vivriers à l’état brut, mais des denrées transformées vers les grands centres de consommation des pays émergents et développés où la demande ne faiblit pas.

L’essentiel de la méthode à suivre pour opérationnaliser ce modèle est connu. Elle a, souvenons-nous, été déjà définie par le chef de l’Etat, Paul Biya, lors du comice agropastoral d’Ebolowa en 2011. Cela consiste à  mettre en place une unité de production d’engrais, généraliser l’usage des machines agricoles, réhabiliter les fermes semencières, réaliser la réforme foncière pour régler le problème du difficile accès aux terres agricoles, renforcer le dispositif de financement des activités rurales par l’ouverture de la banque agricole, désenclaver les bassins de production, améliorer l’enseignement agricole.

Sans oublier une offre accrue d’énergie électrique, l’industrialisation de la filière et la recherche-développment. Les départements ministériels et services en charge de ces dossiers sont connus. A eux de prendre leurs responsabilités pour donner définitivement corps au projet présidentiel.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *